Avec ou sans l’accord de Madrid, la Catalogne aura son indépendance. C’est en substance ce qui ressort des propos de Paul Romeva, ministre des Affaires étrangères catalan, qui s’est exprimé dans les colonnes du Guardian le 27 juillet. D’après lui, le gouvernement espagnol fait la sourde oreille et refuse de discuter du processus d’indépendance.
«Nous avons toujours dit que nous préférions un scénario à l’écossaise, où nous pourrions négocier avec l’Etat central et mettre en place un référendum démocratique sur la question. Nous continuons à parler avec Madrid. Mais tout ce que l’on a en retour est un écho», regrette Paul Romeva.
Dorénavant, il affirme que Madrid «ne leur laisse pas d’alternative» et que l’agenda pour l’indépendance se poursuivra avec ou sans la bénédiction du gouvernement espagnol.
Tous les coups sont permis
Le président du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, a tenu a rappeler une affaire qui tient une bonne place dans la boîte à arguments des indépendantistes. Dans la soirée du 21 juin, le site d’information Publico révélait que Jorge Fernandez Diaz, ministre de l’Intérieur espagnol et candidat du Parti populaire de Mariano Rajoy à Barcelone, était mouillé dans un scandale de fabrication de fausses preuves. Avec la complicité du directeur de l’office antifraude de Catalogne, Daniel de Alfonso, il a tenté de monter de toutes pièces des «preuves» de corruption contre des pontes indépendantistes catalans.
Paul Romeva a parlé d’un «ministre de l’Intérieur censé défendre les intérêts de tous les citoyens» qui s’est fait «attraper en train de conspirer pour trouver des preuves contre des citoyens uniquement parce qu’ils pensent différemment».
Un processus de longue date
En novembre 2014, l’ex-président de la Catalogne Artur Mas organise un référendum sur l’indépendance. Il donne des résultats clairs : environ huit votants sur dix souhaitent voir la Catalogne devenir une nation.
Le plébiscite n’est cependant pas total. Un peu plus de 40% des électeurs seulemnet, s'étaient déplacés pour l'occasion. Un argument repris en fanfare par le gouvernement espagnol pour saper l’importance du résultat qu'il refuse d'ailleurs de reconnaître.
Les nationalistes catalans trouvent pourtant dans ce scrutin de solides fondations pour construite leur projet et reprendre leur indépendance. Un an plus tard, ils remportent les élections régionales de septembre 2015 et considèrent ce succès comme un référendum sur l’indépendance de facto.
Deux mois après, ils adoptent une résolution afin de démarrer le processus devant mener à terme à l’indépendance.
Mais dès le départ, Madrid montre sa détermination à ce que le pays ne se sépare pas en deux. Le gouvernement déclare le mouvement anticonstitutionnel. Depuis, un dialogue de sourds s’est installé entre Barcelone et Madrid.
La Catalogne possède déjà une certaine autonomie en matière de santé, d’éducation et de sécurité. Mais le président de la région, Carles Puigdemont, veut aller beaucoup plus loin. Il souhaite la création d’une banque centrale, de forces armées et d’une représentation diplomatique.
Des demandes que le gouvernement central espagnol voit d’un très mauvais oeil. La Catalogne est une région riche. Elle fournit à elle seule un cinquième du PIB espagnol. Si elle venait à sortir du giron madrilène, le coup pour l'économie ibère serait terrible.