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Un député égyptien propose d'accorder l'asile à Fethullah Gülen, «inspirateur» des putschistes turcs

Emad Mahrous, député égyptien, a proposé à son gouvernement d'accorder l'asile à Fethullah Gülen, une des figures de l'opposition turque. L'Egypte ne cesse de prendre ses distances avec la Turquie islamiste et de plus en plus autoritaire d'Erdogan.

Ce dimanche 24 juillet, le député du parti de la paix démocratique Emad Mahrous a demandé aux plus hautes autorités égyptiennes d'accorder l'asile politique à la figure de l'opposition à Erdogan, Fethullah Gülen. 

Le parlementaire a adressé sa demande au président du Parlement, Ali Abdel-Aal, au Premier ministre Sherif Ismail et au ministre des Affaires étrangères, Sameh Shokry. 

Le député Mahrous a expliqué sa démarche aux journalistes, arguant que sa demande reflétait le souhait de millions d'égyptiens qui ont suivi le déroulement des événements en Turquie. «C'était un pays musulman modéré, qui est en train de devenir une dictature islamiste dans les mains de Recep Tayyip Erdogan et son parti affilié aux frères musulmans», a déclaré Emad Mahrous.

Fethullah Gülen vit actuellement en exil aux Etats-Unis et le pouvoir turc le tient pour principal inspirateur des putschistes qui ont tenté de renverser le pouvoir d'Erdogan le vendredi 15 juillet. Ancienne figure de l'AKP, le parti islamiste du président turc, il s'est peu à peu éloigné de celui-ci, lui reprochant son tournant autoritaire sur le plan politique et rigoriste sur le plan religieux. 

Pour Mahrous, cette demande d'extradition de la Turquie est inacceptable, d'autant plus que la Turquie accorde simultanément l'asile «à des centaines des dirigeants d'organisations terroristes comme les frères musulmans, qui font couler le sang en Egypte jour et nuit». Le député égyptien a appuyé son accusation, arguant que le coup d'Etat raté a permis à Erdogan de se livrer à une véritable «purge» des différentes institutions du pays (armée, écoles, médias...) en se débarrassant de ses opposants. 

«Ce coup d'Etat a clairement montré à tous les égyptiens ce qu'il serait advenu du pays si Morsi et les frères musulmans avaient été laissés au pouvoir», estime Emad Mahrous, faisant référence au coup d'Etat du 3 juillet 2013 en Egypte, où l'armée commandée par le Général Al-Sissi avait délogé du pouvoir le candidat des frères musulmans, Mohamed Morsi, alors à la tête du pays depuis un an. 

Erdogan suscite l'hostilité de bon nombre de personnalités politiques égyptiennes

De nombreux parlementaires égyptiens semblent partager l'animosité d'Emad Mahrous à l'égard de l'homme fort d'Ankara. Mais la plupart considèrent que sa proposition sera rejetée par le gouvernement. «Oui, nous en convenons tous, Erdogan est devenu un personnage dégoûtant et malveillant, mais accorder l'asile au principal principal rival d'Erdogan est la dernière chose à faire en ce moment», a déclaré le député indépendant Abdel-Moneim Al-Oleimi au site d'information Al-Ahram

«Je préfère que le gouvernement continue d'ignorer Erdogan plutôt que de provoquer ce Turc violent et grossier», précise Al-Oleimi. 

Mohamed Al-Orabi, à la tête de la commission aux affaires étrangères du parlement égyptien et ancien ministre des Affaires étrangères a précisé de son côté que l'asile politique accordé a Fethullah Gülen avait peu de chance de se produire. D'abord parce que l'opposant turc n'en a pas fait la demande, mais aussi parce que le gouvernement égyptien n’appuiera probablement pas cette démarche. «Si l'Egypte se décide a accueillir tous les hommes politiques turcs désirant fuir la dictature des Frères musulmans d'Erdogan, je pense que toute la Turquie va vouloir venir en Egypte». Au lieu d'accorder l'asile aux opposants turcs, l'ancien ministre des Affaires étrangères estime qu'il serait plus sage pour la diplomatie égyptienne de dénoncer énergiquement «les dangers de la mise en place d'une dictature religieuse en Turquie».