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De nouveaux militaires turcs arrêtés pour avoir fait passer des armes en Syrie

Huit soldats turcs ont été arrêtés et inculpés de contrebande d’armes à destination de la Syrie. C’est le dernier rebondissement d’un important scandale consécutif aux soupçons qu’Ankara alimenterait en armes les djihadistes en Syrie.

Le mandat d’arrêt avait initialement été émis pour dix soldats, dont huit se trouvaient derrière les barreaux vendredi soir, a rapporté l’agence de presse turque Anatolia. Ils sont accusés d’être membres d’une organisation terroriste, d’espionnage et d’entraver le travail du gouvernement. La cour décidera s’ils doivent rester en prison jusqu’au début du procès.

La violence a augmenté à un rythme alarmant dans la région depuis le début du conflit en Syrie, il y a presque quatre ans. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, le nombre de morts dépasse 200 000. A cause de cela, la Turquie a entamé des inspections dans le sud des provinces de Hatay et d’Adana près de la frontière en janvier 2014, dans le but spécifique d’intercepter des livraisons d’armes éventuelles.

L’implication des services de renseignement turcs est fortement suspectée, selon des documents qui circulent sur Internet et qui, d’après l’agence Anatolia, confortent les soupçons qui pèsent sur la Turquie. Le journal turc The Yurt a diffusé des documents qui prouveraient que le renseignement turc a même attaqué des villages syriens. Une vidéo attachée aux documents montre des assaillants qui parlent turc. Le journal se base sur beaucoup de témoignages des habitants des villages proches de la frontière où la plupart des violences se sont produites, étant donné que les gens parqués dans des camps de réfugiés étaient des cibles faciles pour les terroristes.

Les suspicions ont été prises au sérieux par le gouvernement qui a initié un embargo médiatique complet, même sur les réseaux sociaux. D’après Anatolia, des niveaux de confidentialité très élevés ont été imposés sur le déroulement de l’enquête.
Le président syrien, comme beaucoup d’autres, a accusé la Turquie de coopérer avec des groupes comme Daesh pour faire tomber son gouvernement, mais Istanbul a toujours réfuté ces accusations. L’Arabie saoudite et le Qatar appartiennent aussi à la liste des fervents soutiens des terroristes établie par Assad.

Ce ne sont pas les premières arrestations pour de tels actes : un scandale avait éclaté le 19 janvier 2014 lorsque les conducteurs d’un camion passant à travers la frontière ont été pris flagrants délit, transportant des membres des services secrets. Depuis cette époque, le gouvernement a continué à effectuer des arrestations.

Tout dernièrement, au mois de mai, les quatre enquêteurs qui avaient ordonné la perquisition des camions ont, eux aussi, été arrêtés. Cette opération a fait suite à l’arrestation de 19 autres militaires en avril. A l’heure actuelle, tous ont été incarcérés et attendent leur procès.

Deux autres arrestations substantielles ont eu lieu en février dernier et en juillet 2014, celle de, respectivement 17 et 11 agents de police. Au total, plus de 55 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’année dans le cadre de cette affaire de trafic d’armes à destination des terroristes actifs en Syrie.