«Trump sape la raison d'être de l'OTAN», voici ce que les Polonais pouvaient voir à la une du grand quotidien Rzeczpospolita le 22 juillet. En cause ? Les récentes déclarations du magnat de l’immobilier.
Dans une rhétorique isolationniste dont il a fait une des pierres angulaires de sa campagne, Donald Trump a expliqué qu’une intervention américaine pour aider un pays de l'OTAN attaqué n'irait pas de soi.
Encore et toujours la «menace russe»
Les pays Baltes et la Pologne entretiennent des relations compliquées avec Moscou. Ils accusent régulièrement la Russie d’avoir des volontés hégémoniques dans la région. Ce que réfute totalement le Kremlin. Lors du dernier sommet de l’OTAN qui s’est déroulé à Varsovie du 8 au 9 juillet, les pays de l’Alliance atlantique ont validé le déploiement d’environ 4 000 soldats en Pologne et dans les pays Baltes.
La possibilité de voir arriver Donald Trump à la Maison Blanche inquiète donc au plus haut point les dirigeants de ces pays. Dans une interview publiée par le New York Times le 20 juillet, le milliardaire a expliqué qu’en cas d’hypothétique attaque de la Russie sur les pays Baltes, les Etats-Unis n’interviendraient qu’après avoir vérifié que ces nations «ont bien respecté leurs obligations à leur égard».
Or la charte de l’OTAN est claire. Si une des nations composant l’alliance est attaquée, ceci est considéré comme une agression sur l’ensemble des pays membres. C’est un des principes fondateurs de l’organisation.
Les politiques réagissent
«C'est une remise en question du principe fondamental de l'OTAN», écrit Rzeczpospolita, qui parle d'une «déstabilisation du monde occidental avec des conséquences incalculables, non seulement stratégiques, mais aussi économiques, que les Etats-Unis seront les premiers à ressentir».
«Donald Trump met en danger l'OTAN», analyse Gazeta Wyborcza, un journal influent de Varsovie. «Le président Vladimir Poutine se réjouit sans doute en pensant que Donald Trump pourrait devenir son partenaire à Washington. Mais en même temps cela devrait l'inquiéter.»
Le quotidien est acerbe : «Un tel président saperait la réputation des Etats-Unis et de toute évidence les affaiblirait. Sous sa présidence on pourrait même voir l'OTAN se désintégrer.»
Les médias ne sont pas les seuls à s’emparer des dernières saillies de Donald Trump. Le chef de l'OTAN Jens Stoltenberg a souligné le 21 juillet que la «solidarité» était une «valeur essentielle» de l'Organisation.
Du côté de la Pologne, les hommes politiques n’ont toujours pas réagi. Les dirigeants des pays Baltes ont quant à eux tenu à rappeler les principes de l'Alliance atlantique.