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WikiLeaks victime d’une attaque informatique d’ampleur juste avant de publier des documents turcs

Alors que le site fondé par le lanceur d’alerte Julian Assange s’apprête à publier des milliers de documents liés à Recep Tayyip Erdogan et sa formation politique, il a subi une attaque informatique d’ampleur. Le site accuse la Turquie.

Le pays des sultans est décidément au cœur de l’actualité. Alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a bien failli se faire renverser par un putsch militaire dans la nuit du 15 juillet, il pourrait faire face à de nouveaux ennuis. Le site WikiLeaks, fondé par le lanceur d’alerte Julian Assange et célèbre pour avoir rendu publics des centaines de milliers de câbles diplomatiques et autres informations secrètes, s’apprête à récidiver.

Cette fois, les informations concernent directement Recep Tayyip Erdogan et sa formation politique, l’AKP. Mais à quelques heures de publier les premiers documents le 19 juillet, le site a été victime d’une attaque informatique d’ampleur. «Nous ne sommes pas sûrs de l'origine du piratage. Le timing suggère une action du gouvernement turc ou de ses alliés», soupçonne WikiLeaks.

Des documents qui pourraient faire trembler la Turquie

Malgré la cyber-agression, les lanceurs d’alerte ont promis de publier les premiers documents le 19 juillet, comme cela était prévu. Le site affirme qu’ils pourraient exposer «la structure du pouvoir politique» turc. WikiLeaks serait en possession de 300 000 e-mails et 500 000 documents.

«La Turquie fera tout pour censurer et empêcher le public de consulter ces documents qui concernent les politiques qui ont mené à la tentative de coup d’Etat», a déclaré l’organisation sur Twitter.

Pour contrer une hypothétique volonté turque de censure, WikiLeaks demande au public de partager massivement les informations qui seront publiées : «Nous demandons aux Turcs de se tenir prêts et d’avoir recours à des logiciels tels que TorBrowser ou uTorrent.»

Mauvais timming pour Ankara

L’initiative de WikiLeaks tombe mal pour le pouvoir turc. Le coup d’Etat raté a laissé des traces : au moins 208 tués et 1 400 blessés. Depuis, le gouvernement d’Erdogan s’est lancé dans une véritable chasse aux putschistes. Le pouvoir envisage la réintroduction de la peine de mort et, selon le Premier ministre Binali Yildirim, a placé en détention plus de 7 500 personnes suspectées d’être impliquées dans la tentative de coup d’Etat. 

Environ 8 000 policiers ont été écartés selon une source sécuritaire de haut rang qui s’est confiée à Reuters. Par ailleurs, 3 000 juges et procureurs ont été suspendus et parmi eux 775 ont été arrêtés. Cette répression alarme notamment en Europe. Johannes Hahn, commissaire européenne en charge de la procédure sur une éventuelle adhésion de la Turquie, soupçonne le gouvernement turc d’avoir préparé sa purge à l’avance. «On dirait tout du moins que quelque chose avait été élaboré. Les listes sont disponibles ce qui indique qu’elles ont été établies à l’avance dans le but de s’en servir», a-t-elle déclaré à Reuters. «Je suis très inquiète. C’est exactement ce que nous craignions.»

Recep Tayyip Erdogan, qui invoque une menace extrémiste, a déclaré : «Le peuple sait maintenant, après tous ces incidents terroristes, que ces terroristes devraient être tués, c’est ce qu’ils pensent, ils ne voient pas une autre issue à tout ceci.»