L’intervention russe a démasqué les intentions des Américains par rapport à Daesh et aux autres groupes terroristes
Rappelant que la campagne militaire russe répondait à une «demande formelle» de l'Etat syrien, Bachar el-Assad a en revanche fustigé l’intervention «illégale» des Etats-Unis et le manque de résultats de celle-ci a engendré sur les groupes djihadistes.
«Depuis le début des frappes aériennes américaines, le terrorisme s’est répandu […] Il a seulement baissé lorsque les Russes sont intervenus», a-t-il remarqué, se félicitant de l’inversion du rapport de force, désormais défavorable à Daesh, sur le champ de bataille.
Nous voulons vaincre les terroristes, les Etats-Unis veulent se servir d’eux pour renverser le gouvernement syrien
Le chef d'Etat a ensuite fait remarquer au journaliste de la chaîne américaine que le buts de guerre défendu par l'armée US différait profondément de celui des forces gouvernementales.
«Nous avons voulu vaincre ces terroristes, alors que les Etats-Unis ont voulu se servir de ces groupes pour renverser le gouvernement de Syrie […] comme ils l’ont fait en Afghanistan», a-t-il déclaré avant de déplorer : «Le problème avec les dirigeants américains, c’est qu’ils disent quelque chose et qu’ils masquent leur intentions. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils n’ont pas de bonnes intentions envers la Syrie.»
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Il a par ailleurs rappelé que le groupe terroriste Etat islamique (aussi appelé Daesh), qui contrôle de larges pans du territoire irakien et syrien, a vu le jour en 2006, où «les Etats-Unis, et non pas la Syrie» se trouvaient. «Daesh s’est développé sous la supervision des autorités américaines», a-t-il conclu.
La politique russe n’est pas basée sur la conclusion d’accords, mais sur des valeurs
A l'opposé de la stratégie adoptée par Washington, Bachar el-Assad a salué l'attitude de la Russie et de son président Vladimir Poutine, avec qui il a indiqué entretenir une relation «franche» et «basée sur le respect mutuel».
«La politique russe n’est pas basée sur la conclusion d’accords, elle est basée sur des valeurs», a-t-il indiqué, rappelant que Moscou avait toujours défendu la position selon laquelle la résolution de la crise syrienne devait avant tout être le fait du peuple syrien lui-même.
Si nous vainquons Daesh, nous aidons le reste du monde
Le dirigeant syrien a néanmoins tenu à rappeler que la bataille qui se déroulait pour le moment dans son pays était liée au sort de la planète : «Si nous vainquons Daesh, nous aidons le reste du monde. Parce que ces terroristes viennent de plus de 100 pays autour du monde, y compris des pays occidentaux. Si nous ne les vainquons pas, nous nous retrouverons avec plus de fanatisme et ils attaqueront ces pays.»
«Si le Moyen-Orient n’est pas stable, le monde ne le sera pas non plus», a-t-il ajouté.
La guerre pourrait être gagnée d’ici quelques mois
Bachar el-Assad a par ailleurs pointé du doigt le fait que certains pays entretiennent le conflit en soutenant les groupes terroristes. Il a notamment déploré que Washington n’a «pas mis la pression sur la Turquie ou l’Arabie saoudite pour leur dire "Arrêtez d’envoyer de l’argent, du personnel et d’autres formes de soutien logistique à ces terroristes."»
En marquant leur approbation de la sorte, Washington «fait la guerre mais d’une manière différente», a-t-il indiqué, précisant que cette attitude ne le surprenait aucunement.
Il a ensuite indiqué que c’était juste une question de temps avant que les forces gouvernementales reprennent le contrôle total du pays, sans toutefois donner de laps de temps précis.
«Le facteur le plus important [pour savoir quand la guerre finira] est [de savoir] combien de temps les soutiens de ces terroristes vont continuer à les soutenir, en particulier la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite, avec l’approbation de certains pays occidentaux dont les Etats-Unis […] Si on enlève ce soutien, cela ne prendra pas plus de quelques mois.»
Les Etats-Unis ont-ils plus intérêt à avoir du chaos dans le monde ou de la stabilité ?
Le président syrien s'est ensuite interrogé sur la stratégie à long terme de Washington, qu'il a comparé à des «pyromanes» semant le chaos dans différentes région du monde.
A la question de savoir s’il préviendrait les services de renseignement américains en cas d’attaque terroriste imminente contre les Etats-Unis, il a répondu : «En principe oui, car ils pourraient attaquer des civils et je ne peux pas blâmer les innocents aux Etats-Unis pour les mauvaises intentions de leurs dirigeants. Mais en même temps, cela ne me semble pas réaliste puisqu’il n’y a aucune relation entre la Syrie et les Etats-Unis. Ce genre d’information nécessite une coopération en matière de sécurité basée sur une coopération politique. Nous n’en avons aucune.»