Sayeeda Warsi, de confession musulmane et ministre jusqu’à sa démission l’année dernière, a dit à The Independant que les mesures visant à sévir sur le soi-disant extrémisme non violent annoncées plus tôt dans la semaine, pourraient se révéler contre-productives et faire se retourner une majorité de musulmans contre la société britannique.
Elle a averti que cette nouvelle politique devra être «appliquée de façon égale envers toutes les communautés» en incluant «toutes les formes d’extrémisme» sans arrière-pensée criminelle.
La baronne Warsi a pointé du doigt que d’autres groupes religieux ont souvent adoptés des comportements qu’on pourrait qualifier d’«extrême», mais qui n’ont pas apparu être la cible d’actions du gouvernement. «Il sera intéressant d’observer si il s’agit d’une tentative sincère de combattre l’extrémisme sous toutes ses formes, plutôt que la perception actuelle qui est celle d’une guerre froide contre les musulmans britanniques», a-t-elle dit.
Le gouvernement pourrait faire face à de sérieuses difficultés à la Chambre des Lords, où les conservateurs ne disposent pas d’une majorité. Ces propositions seront rejetées par à la fois les libéraux-démocrates, qui se sont déjà déclarés contre l’adoption de telles mesures, ainsi qu’un certain nombre de leurs pairs, inquiets sur les conséquences d’une telle loi sur les libertés civiques.
La baronne Warsi a quitté son poste de ministre rattachée au ministère des Affaires étrangères suite à la guerre menée par Israël, allié de la Grande-Bretagne, contre Gaza.
Elle n’est pas la première figure politique de premier plan à questionner l’efficacité de la politique gouvernementale contre le terrorisme. En janvier, un ancien responsable des services secrets britanniques a averti que la loi de contre-terrorisme et de sécurité pourrait réduire la liberté d’expression dans les universités.
Les recteurs d’université ont appelé à une campagne contre cette loi refusant que les personnels enseignants ne se convertisse en «police de la pensée».
La baronne Manningham-Buller, ancienne directrice des services secrets britanniques, a dit quant à elle que les opinions extrémistes ont besoin d’être «exposées, débattues et réfutées» plutôt que simplement interdites.
Ces réactions en Grande-Bretagne font écho à la Loi Renseignement récemment discutée à l’Assemblée nationale et qui sera soumise au vote du Sénat à partir du 2 juin.
Le projet de loi invoquant - pareillement au texte britannique - la lutte contre le terrorisme et la défense de la sécurité intérieure, avait fait réagir au moment de sa présentation et de sa discussion nombre d’associations de défense de la vie privée et des droits de l’homme, s’inquiétant du caractère intrusif du texte.