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Berlin : la justice juge illégale une expulsion de squatters où 123 policiers avaient été blessés

Une descente de police dans un squat de l'est de Berlin qui avait conduit à une réaction violente de l'extrême gauche et fait 123 blessés parmi les forces de l'ordre, a finalement été déclarée illégale par un tribunal le 13 juillet.

Les opérations de police pour expulser les occupants du 94 Rigaer Strasse avaient conduit à de violentes réactions à travers toute la capitale allemande de la part de groupuscules d'extrême gauche qui se sont notamment attaqués à des établissements bancaires et des bâtiments officiels. 

Au total, 123 policiers avaient été blessés à la suite d'affrontements en marge d'une manifestation de solidarité envers les occupants du squat. Des telles émeutes, la capitale allemande n'en avait pas connues depuis plusieurs années.

Pourtant, le 13 juillet, un tribunal d'Etat de Berlin a finalement jugé que les expulsions auxquelles la police avait procédé étaient illégales et qu'elles ont exercé une pression sur le ministre de l'Intérieur de la région de Berlin, Frank Henkel, rapporte le journal Bild.

Au cours de l'audience, le tribunal a découvert que les propriétaires de l'immeuble ne disposaient pas de l'autorisation légale pour procéder à l'expulsion des squatters et qu'ils n'avaient pas non plus saisi les huissiers de justice pour leur notifier l'expulsion. 

Ainsi, la juge Nicola Herbst a ordonné d'une part aux propriétaires de laisser les squatters occuper les locaux jusqu'à ce que la procédure judiciaire soit en règle, d'autre part, elle a invité les squatters à «négocier» avec les propriétaires afin que la situation ne s'envenime pas davantage.  

La décision a été applaudie par l'auditoire du tribunal, essentiellement composé de membres de l'extrême-gauche, de squatters et de personnes les soutenant. 

«Nous avons gagné. J'espère que la police de Berlin va comprendre maintenant», a déclaré l'avocat des squatters, Lukas Theune.

Le Berliner Zeitung a quant à lui considéré que l'action de la police était une «honte immense» pour la politique de la capitale, exhortant le ministre de l'Intérieur de la région de Berlin à démissionner, s'offusquant du fait que ce dernier ait fait marche arrière et cédé aux revendications des squatters après une longue tentative pour calmer la situation et de régler le problème de manière légale.