Le Sud-Soudan est au bord d'une nouvelle guerre civile. Les combats ont repris ces dernières heures dans la capitale Juba. De violents affrontements ont eux lieu entre les troupes des deux hommes forts du pays, Salva Kiir et Riek Machar. Plus de 300 personnes auraient tuées, dont de nombreux civils. Des tirs de mortiers, de lance-grenades ainsi que d'hélicoptères de combat ont été rapportés par la Mission de l'ONU au Soudan du Sud, la MINUSS.
Les premiers combats avaient éclaté jeudi 7 et vendredi 8 juillet. Après quelques heures d'accalmie, les affrontements ont repris depuis dimanche et des milliers de civils ont fui les combats intenses qui touchent la capitale.
Chaque camp se rejette la responsabilité de la rupture de la trêve qui était jusque là entretenue entre les deux adversaires. En effet, une paix fragile avait déjà été établie en août 2015, après des mois de guerre civile. A l'indépendance du pays en 2011 (par sécession avec le Soudan), deux personnalités publiques sont rapidement apparues comme les nouveaux hommes fort du pays : le président, Salva Kiir, et son vice-président, Riek Machar. La rivalité entre les deux hommes a dégénéré en guerre civile en décembre 2013, opposant l'armée régulière qui soutient le président et une fraction de l'armée entrée en rébellion qui soutenait Riek Machar.
Après les accords de paix d'août 2015, les troupes des deux camps se sont retrouvées dans la capitale. Une proximité qui aurait attisé les tensions et enclenché à nouveau une escalade de la violence ces derniers jours. De plus, les forces loyales à Riek Machar sont désormais moins nombreuses et ne disposent pas de la même puissance de feu que celles de l’autre camp, qui a récemment acheté des hélicoptères et a recruté de nombreux miliciens. Une position de force dont les soutiens du président Salva Kiir auraient peut-être tenté de profiter en relançant les combats.
C'est l'hypothèse défendue par Riek Machar lui même. Ainsi sur Twitter, l'homme politique sud-soudanais a ainsi publié : «Ces deux dernières heures nous avons été bombardés par les hélicoptères de Salva Kiir. Cela montre que notre interlocuteur n'est pas intéressé par la paix.»
Le conflit risque de dégénérer encore d'avantage
Alors que le pays se remet lentement des mois de guerre civile entre 2013 et 2015, les affrontements reprennent et font craindre une déstabilisation de tout le pays, voire de toute la région. Un porte-parole de l'armée ougandaise, pays voisin, a déjà annoncé un déploiement militaire le long de la frontière entre les deux pays pour «empêcher les débordements».
L'Ouganda soutien fermement le président actuel du Sud-Soudan Salva Kiir. Lors de la première guerre civile, entre 2013 et 2015, les renforts ougandais avaient été déterminants dans le rapport de force entre les troupes régulières et les rebelles. Mais l'Ethiopie et le Soudan, deux autres pays frontaliers, soutiennent quant à eux le camp de Riek Machar. Et cet enchevêtrement d'alliances pourrait embraser toute la région
Comme lors de la première guerre civile, les populations du Sud-Soudan risquent encore d'être victimes de massacres et sont prisonnières de conflits politiques et ethniques. D'importants mouvements de populations sont à craindre.
Que fait l'ONU ?
La MINUSS, avait été mise en place pour «consolider la paix» entre les deux belligérants. Malgré le déploiement de près de 12 000 casques bleus, dont beaucoup de Chinois, les forces onusiennes semblent totalement dépassées par ce nouveau pic de violence.
Les casques bleus sur place peinent à s'interposer entre les deux camps et un casque bleu chinois a perdu la vie dans les combats.
Un responsable du camps de l'ONU installé dans Juba témoigne dans The Guardian : «Nous avons de nombreuses victimes, 50 à 60 de plus que hier. Beaucoup de civils se sont réfugiés dans le camps et des grenades propulsées par fusée ont atterrit à l'intérieur du bâtiment blessant huit personnes.»