«J'exprime au président [polonais] Duda mes préoccupations concernant certaines actions et impasses au sujet du Tribunal constitutionnel polonais», s'est exclamé Barack Obama le 8 juillet avant l'ouverture du sommet de l'OTAN à Varsovie, alors que les deux hommes se tenaient côte à côte.
Le chef de l'Etat américain souhaitait profiter de sa présence en Pologne pour faire part de ses craintes concernant l'indépendance de la plus haute juridiction du pays. Le 7 juillet, le Parlement polonais, contrôlé par les conservateurs du parti «Droit et justice», a adopté une mesure qui, selon ses opposants, conduirait à la paralysie du Tribunal constitutionnel. Un tel blocage de l'institution compromettrait le contrôle du pouvoir exécutif par le pouvoir judiciaire, élément clé de tout Etat de droit...
Plus globalement, les Etats-Unis reprochent au gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en 2015, d'avoir pris un certain nombre de décisions nuisant au respect du pluralisme politique et des valeurs démocratiques en Pologne – décisions qui ont été à l'origine de nombreuses manifestations massives dans le pays.
«En tant que votre ami et allié, [les Etats-Unis] recommandent vivement aux acteurs politiques polonais de travailler ensemble pour préserver les institutions démocratique de la Pologne», a insisté Barack Obama, ajoutant : «Plus de travail doit être fait.»
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Les critiques d'Obama transformées en «éloges des efforts démocratiques de la Pologne» par la télévision publique polonaise
Ironiquement, la principale chaîne publique polonaise, Telewizja Polska, a choisi de réagir à cette critique des dérives antidémocratiques polonaises... en les censurant ! «95% du meeting [entre Obama et son homologue polonais] concernait des sujets comme l'OTAN et la sécurité, mais Obama a également loué les efforts démocratiques de la Pologne», a affirmé un reporter de la chaîne, prenant le contrepied exact des déclarations du président américain. «Au sujet du Tribunal constitutionnel, [Obama] s'est dit sûr que l'extension des valeurs démocratiques en Pologne n'était pas prête à s'arrêter», a-t-il même ajouté.
1 000 soldats américains déployés en Pologne, malgré les critiques sur les dérives du régime
Sermonneurs, les Etats-Unis n'en restent pas moins le principal allié militaire des Polonais : le 9 juillet, Barack Obama a annoncé le déploiement d'un bataillon de 1 000 soldats américains dans le pays, dans le cadre de l'extension des forces de l'OTAN en Europe de l'est. Une décision vivement critiquée par Moscou, qui la considère comme une menace pour sa sécurité.