«Un grand nombre de policiers israéliens accompagnés de bulldozers ont pris d'assaut le village à l'aube et ont démoli les maisons, les tentes et les équipements», témoigne Aziz al-Touri, un habitant du village. «Nous avions juste fini notre repas du matin du Ramadan avant le jeûne de la journée, quand la police nous a surpris et a investi le village.»
Les villageois en avaient été expropriés en vertu de la loi israélienne dite d'Acquisition de la Terre de 1953 et avait été forcés de partir. Les résidents sont revenus dans les années 1990 afin de reprendre leur mode de vie pastoral propre aux Bédouins. Environ 300 personnes tentent ainsi d'y vivre, reconstruisant les habitations sommaires et les tentes après chaque démolition par les autorités. Selon les habitants qui en tiennent le compte, ce serait la centième démolition du village depuis 2010. Cela fait ainsi trois générations que les habitants – des Bédouins – s'accrochent à leur terre.
Pendant le seul mois du Ramadan, qui a débuté au début du mois de juin dernier, leur campement a été rasé deux fois :
«Nous avons sortis nos vêtements des habitations. J'ai en ai caché dans le cimetière, d'autres dans les arbres et dans une vallée proche d'ici», raconte Aziz al-Touri, décrivant la soudaineté de l'opération, hélicoptère à l'appui, qui n'a laissé le temps aux habitants que de sauver l'essentiel.
Les autorités israéliennes rasent régulièrement le campement en dur des Bédouin parce qu'il serait installé sur des terrains qui appartenant à l'Etat, et ce sans permis de construire. On estime qu'entre 70 000 et 90 000 Bédouins vivent dans des villages de la région désertique du Néguev au sud d'Israël, et qui fait partie intégrante de l'Etat hébreu. Bien que les habitants arabes du village aient la pleine nationalité israélienne, l'Etat ne fournit ni eau, ni électricité pas plus que de système de tout à l'égout. Il n'y a ni école ni hôpital.