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Une des armes des attentats de Paris proviendrait d'une opération US qui a déraillé à Phoenix

L'organisation Judicial Watch a révélé, le 29 juin, qu'une des armes ayant servi pour les attentats de Paris avait été vendue par les autorités américaines à un cartel mexicain lors d'une opération qui a tournée au fiasco en 2009.

C'est une affaire qui va donner du grain à moudre aux détracteurs de l'administration Obama. L'organisation dédiée à la surveillance des activités du gouvernement américain a indiqué qu'une des armes utilisées par les terroristes qui ont attaqué Paris et Saint-Denis le 13 novembre dernier avait été vendu par l'Agence fédérale sur l’alcool, le tabac et les armes (ATF) américaine à un cartel mexicain au cours de l'opération «Fast and Furious» en 2009.

Judicial Watch a cité un rapport d'enquête déposé par un agent de l'Agence fédérale sur l’alcool, le tabac et les armes (ATF) qui a réussi à tracer le chemin emprunté par l'arme à partir de son numéro de série et du formulaire 4473 que doit remplir tout vendeur d'armes aux Etats-Unis. Il contient notamment la marque, le modèle et le numéro de série de l'arme, en plus d'un questionnaire concernant l'acheteur. Il est remonté jusqu'au propriétaire de l'arme à feu à Phoenix qui a été retrouvé en possession d'une arme automatique non enregistrée. Néanmoins, aucune action en justice n'a été lancée.

«Des ordres ont été transmis pour éviter que l'affaire devienne public»

Au lieu de cela, les têtes pensantes de l'ATF visiblement embarrassées ont tenté de cacher cette information, transmettant des ordres afin que le propriétaire de l'arme se tienne «tranquille», rapporte Judicial Watch. «Des ordres ont été transmis aux agents afin de ne pas mettre en colère le vendeur pour éviter que l'affaire devienne publique», a déclaré un officier chargé de l'application des lois à la retraite.

Interrogé par l'organisation américaine de surveillance, un porte-parole de l'ATF, Corey Ray, a déclaré qu'aucune arme à feu utilisée dans les attentats de Paris n'avait été «tracée» par l'agence. Interrogé sur le rapport d'enquête dévoilé par Judicial Watch reliant l'arme utilisée à Paris à Phoenix, le porte-parole a déclaré ne pas avoir connaissance de ce rapport.

Deux des armes utilisées dans une fusillade qui a coûté la vie à un garde-frontière américain

Le fiasco de l'opération «Fast and Furious» en 2009 a libéré dans la nature près de 2 000 armes dont les autorités américaines ont perdu la trace alors qu'elles étaient destinées à servir d'appât pour remonter la filière d'un cartel mexicain en organisant leur vente.

L'affaire a fait scandale en août 2011, quand deux de ces armes ont été utilisées dans une fusillade qui a coûté la vie à un garde-frontière américain.

Une enquête de la commission de surveillance et de réforme du gouvernement présidée par un membre du parti Républicain a été ouverte face à la polémique. Le ministère de la Justice américain a toujours nié avoir été au courant de la mise en place de cette opération. La commission d'enquête ne croyant pas la bonne foi du ministère avait alors exigé qu'on lui transmette des documents pour l'investigation.

Face à cette demande, le président Barack Obama avait soutenu son ministre de la justice Eric Holder en utilisant pour la première fois son privilège exécutif permettant de bloquer la transmission d'informations du ministère de la Justice à la commission. Les critiques avaient ensuite visé le chef de l'Etat. Certains membres du parti républicain se sont ainsi interrogés sur sa responsabilité et celle du gouvernement fédéral dans l'échec de ce programme, lancé par l'administration Bush.

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