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Bilan des tensions en Macédoine : 22 personnes tuées, 30 accusées de terrorisme

Les violents affrontements qui se sont déroulés dans la ville de Kumanovo au nord de la Macédoine ont fait 22 morts, dont 14 combattants et huit agents de police. La police a interpellé 30 personnes qui sont maintenant accusées de terrorisme.

Selon le parquet local, les combattants arrêtés et inculpés de «terrorisme et de mise en danger de l'ordre constitutionnel et de la sécurité» sont tous ethniquement albanais. Parmi eux, les autorités distinguent 18 Albanais kosovars, 11 Albanais de Macédoine et un ressortissant albanais qui réside en Allemagne. Quelques-uns sont également accusés de possession illégale d’armes et d'explosifs. 

Le groupe aurait été mené par cinq Kosovars membres de l’Armée de libération du Kosovo qui n’existe plus officiellement. Selon les autorités, le groupe préparait des attaques contre des civils et des objets stratégiques.

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L’ONU, en la personne de son secrétaire général Ban Ki-moon, appelle les habitants de Macédoine à «coopérer pour garder la patience et enquêter sur les événements de manière objective et transparente».

Les heurts se sont produits à Kumanovo, à 40 kilomètres au nord de la capitale Skopje. Plusieurs bâtiments résidentiels ont été détruits, les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre.

Les tensions liées aux Albanais de Macédoine ne sont pas nouvelles. Le 21 avril dernier, un groupe armé d’Albanais venus du Kosovo avait déjà brièvement occupé un petit commissariat de police à la frontière nord de la Macédoine, réclamant la création d’un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.

La Macédoine a fait face à une insurrection armée albanaise en 2001. L’accord de paix qui a mis fin au conflit a étendu les droits de la communauté albanaise. Les tensions, cependant, ne sont pas tombées dans l’oubli.

Le politologue Srjda Trifkovitch, qui a été entendu à l’antenne de RT International, a expliqué la révolte albanaise des 9 et 10 mai à Kumanovo, Macédoine, par les intérêts américains dans la région qui s’opposent au passage du Turkish stream dans le pays. Le projet Turkish stream doit remplacer le gazoduc Southstream dont la construction a été obstruée par le refus de la Bulgariede le laisser passer dans ses eaux territoriales peu après une visite du sénateur John Mc Cain à Sofia.

Pour Skopje, la problématique albanaise s’ajoute à une grave crise politique. Le gouvernement du nationaliste Nikola Gruevski est, depuis plusieurs mois, accusé par l’opposition de gauche de corruption et d’avoir mis sur écoute 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des ecclésiastiques de haut rang. Une instabilité qui inquiète l’Union européenne et l’OTAN, auxquelles la Macédoine espère adhérer depuis une décénie.