Au cours d'une conférence sur l'économie à Berlin, la chancelière a déclaré que l'Union européenne ne pouvait compter sur le partenariat transatlantique avec les Etats-Unis pour faire face aux menaces extérieures, rapporte Reuters. «Cela signifie que le pourcentage du produit intérieur brut consacré par l'Allemagne à la défense, qui est d'environ 1,2 % devra converger vers celui des Etats-Unis qui s'élève à 3,4 % du PIB», a-t-elle ajouté.
Angela Merkel refuse donc l'idée que l'Allemagne se décharge sur un partenaire extérieur du coût de la défense. Le mois dernier, le ministre allemand de la Défense, Ursula von der Leyen, a annoncé le premier renforcement des effectifs de l'armée depuis la guerre froide. Au cours des sept prochaines années, quelques 14 300 soldats supplémentaires seront recrutés. Environ 4 400 nouveaux employés civils travailleront à leurs côtés.
Par ces annonces, la chancelière a ainsi officiellement constaté l'impuissance de l'Union européenne en matière de défense commune et le désengagement de l'Allemagne de ce processus. En 2015, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait appelé à la création d'une armée européenne unifiée qui, selon lui, devait être destinée à «dissuader» la Russie et à renforcer la solidarité en Europe. «Avec sa propre armée, l'Europe pourrait réagir de façon plus crédible à la menace pour la paix dans un Etat membre ou dans un Etat voisin. Une armée européenne commune transmettrait un message clair à la Russie que nous sommes sérieux au sujet de la défense de nos valeurs européennes», avait-il argumenté.
L'impuissance de l'UE face au «défi» russe, selon l'Allemagne
Bien que la proposition de Juncker ait longtemps été à l'ordre du jour, il n'y a pas eu beaucoup de progrès dans sa mise en œuvre. En juin, le gouvernement allemand a annoncé apporter des modifications à son «Livre blanc», qui décrit la politique de sécurité du pays, en déclarant qu'il considérerait la Russie comme une menace. Alors que le ministère allemand de la Défense a qualifié la Russie non plus de «partenaire», mais de «défi», Moscou a été mis sur la listes des 10 menaces les plus graves pour Berlin.
Ces discours belliqueux à l'égard de la Russie ne semblent néanmoins pas partagé par l'ensemble de la classe politique. La semaine dernière, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a fustigé les exercices militaires de l'OTAN en Europe orientale simulant une riposte à la soi-disant «agression russe» et a déclaré que la confrontation avec Moscou ne ferait que mettre en danger la sécurité européenne. «Au lieu d'aggraver la situation par rodomontades bellicistes, il devrait y avoir plus d'espace pour le dialogue et la coopération avec Moscou», avait-il indiqué.
Lire aussi : Angela Merkel se prononce en faveur d’une zone économique unique avec la Russie