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Un océan sur un satellite de Saturne donne des signes de vie extraterrestre

L’océan sous-terrain récemment découvert sur le satellite Encelade dans l’orbite de Saturne est semblable à certains lacs salés sur Terre, ont suggéré de nouvelles études américaines.

Des astrobiologistes estiment que ce petit satellite est le meilleur endroit pour la recherche de vie extraterrestre dans le système solaire.

Le satellite d’une largeur de 500 kilomètres est actif géologiquement, de puissants geysers explosant à travers sa coquille glacée. Les geysers contiennent de l’eau qui, d’après les chercheurs, provient d’un océan situé sous la surface glacée du satellite.

Une nouvelle étude intitulée «The pH of Enceladus» (Le pH de l’Encelade) et publiée mercredi dans le journal Geochimica et Cosmochimica Acta évoque les réactions chimiques qui se produisent lors du contact des eaux océaniques de l’Encelade avec son manteau rocheux.

Les auteurs de la publication se sont appuyés dans leurs recherches sur des données fournies par la sonde Cassini de la NASA, en orbite autour de Saturne depuis 2004.

Les scientifiques ont recouru à des mesures par spectrométrie de masse pour analyser les gaz et les grains de glace dans la panache d’eau de l’Encelade, développant un modèle permettant potentiellement d’évaluer la salinité et le pH de l’eau qui se trouve dans l’Océan intérieur du satellite.

D’après les conclusions de l’équipe américaine, l’océan sous la surface de l’Encelade semble être salé et doté d’un pH basique situé entre 11 et 12, sachant que le pH neutre est de 7 selon les conventions chimiques.

Des pH du même niveau ont été repérés dans des produits de nettoyage à base d’ammoniac, certains organismes sont encore capables de vivre dans de telles conditions.

Une concentration élevée de chlorure de sodium (NaCl) permet à l’océan de l’Encelade de ressembler à des lacs salés comme le lac Mono en Californie.

Bonne nouvelle pour les chasseurs de vie extraterrestre : la faune du lac Mono comprend des crevettes saumâtres et autres microbes.

Selon le modèle élaboré par l’équipe américaine, le niveau élevé du pH océanique s’explique par la serpentinisation, c’est-à-dire le processus au cours duquel les roches métalliques de la surface supérieure de l’Encelade se transforment en minéraux lors du contact avec l’eau.

La serpentinisation conduit aussi à la production d’hydrogène moléculaire (H2), qui est une source potentielle d’énergie chimique pour toute forme de vie située dans les eaux océaniques, a indiqué le document.

«L’hydrogène moléculaire peut à la fois conditionner la formation de composants organiques comme les acides aminés - qui peuvent nous mener à l’origine de la vie - et peut être utilisé comme source d’alimentation pour les organismes microbiens comme ceux qui produisent du méthane», a expliqué Christopher Glein, auteur principal de la publication et chercheur à la Carnegie Institution de Washington

Glein décrit la serpentinisation comme le lien entre les processus géologiques et biologiques sur le satellite.

«La découverte de la serpentinisation fait de l’Encelade un candidat très prometteur à la genèse séparée de la vie humaine», a-t-il souligné.

L’océan caché sous la surface glacée du satellite a été découvert plus tôt cette année par des scientifiques italiens de l’Université La Sapienza de Rome, qui ont aussi analysé la base de données de Cassini.

Comme ils l’ont indiqué, des évènements hydrométriques actifs semblent exister sur le plancher océanique sous-terrain de l’Encelade, fournissant des conditions similaires à celles qui ont engendré les premières formes de vie sur Terre.