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D'Anna Lindh à Jo Cox, deux destins tragiques d'européistes à la veille de référendums

A une semaine du référendum décisif sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, l'une des égéries du camp du oui a été assassinée près de Leeds, causant une vive émotion dans le pays et à l'international. Un précédent s'était déroulé en Suède en 2003.

Cette disparition tragique n'est pas sans rappeler celle d'Anna Lindh, femme politique suédoise assassinée à l'âge de 46 ans, à trois jours du référendum national sur l'entrée du pays dans l'Eurozone qui s'est tenu le 14 septembre 2003. Cette ministre des Affaires étrangères, était, à l'image de Jo Cox, mère de deux enfants, et une fervente européiste favorable à plus d'intégration dans le bloc européen.

Le 11 septembre 2003, Anna Lindh avait été mortellement poignardée par un déséquilibré – dont on apprendra plus tard qu'il était motivé par la haine des politiciens en général – dans une galerie commerciale de Stockholm. Jo Cox, elle, mourra après avoir été victime le 16 juin de coups de couteau et de plusieurs tirs dans une petite ville près de Leeds par un certain Thomas Mair. Certains médias ont affirmé que celui-ci avait crié «Le Royaume-Uni d'abord !» au moment de commettre son crime, mais cela n'a pas été officiellement confirmé, voire même contredit par un témoin de la scène.

La défunte députée travailliste était fortement impliquée dans la campagne référendaire, à l'image d'Anna Lindh, et s'était illustrée sur la Tamise le 15 juin avec son mari et ses deux enfants pour protester contre la flottille organisée par le parti UKIP de Nigel Farage, en faveur du départ du Royaume-Uni de l'Union Européenne.


Ces «tragiques coïncidences» – selon les mots de Tino Picula, eurodéputé croate – ne s'arrêtent pas là. Un hommage à Jo Cox a été rendu au Parlement européen le 17 juin par les députés dans la salle... Anna Lindh du bâtiment Robert Schuman.

Une mort sans impact électoral ?

L'institut de sondage Gallup avait interrogé un échantillon de Suédois après l'annonce de l'assassinat d'Anna Lindh, et affirmait que l’événement avait fait changer l'opinion de la population en annonçant le «oui» vainqueur, alors que précédemment, le «non» dominait. Il n'en fut rien et les Suédois rejetèrent clairement, à 55,9%, l'idée d'abandonner leur couronne au profit de l'euro.

Si aucun sondage n'a été publié depuis la mort de Jo Cox, les dernières études concordent toutes dans le sens de la victoire du camp de la sortie au Royaume-Uni. Sa disparition brutale, ainsi que les nombreux hommages que lui ont rendu la classe politique britannique changeront-ils la donne ?

Les marchés financiers américains semblent en tous cas être optimistes à ce sujet. Les cours de Wall Street étaient effectivement en hausse à l'annonce de la suspension de la campagne sur le référendum, alors que la députée n'était pas encore décédée.