Après une requête de l’association de défense des droits Union américaine pour les libertés civiles, la CIA a déclassifié une série de documents au sujet des techniques d’interrogation musclées pratiquées sur de terroristes présumés arrêtés après les attentats du 11 septembre.
Parmi ces documents, on trouve un véritable manuel de la torture, contenant une cinquantaine de consignes adressées aux employés des centres de détention.
Il y est notamment question de l’utilisation de «boîtes de confinement», des caisses juste assez larges pour contenir le corps d’un prisonnier.
Arrêté par l’armée américaine au Pakistan en 2002 puis placé dans le camp de Guantanamo, Abou Zoubaydah, accusé de terrorisme, a passé un total de 266 heures (soit plus de 11 jours complets) dans une telle boîte, note le rapport.
Un autre précise que le suspect, finalement relâché au bout de huit ans, aurait probablement coopéré avec les enquêteurs de la CIA sans cette forme «agressive» de torture. Et pourtant, ces derniers «ont dit à Abou Zoubaydah que la seule manière dont il quitterait le camp, c’est dans la boîte de confinement en forme de cercueil», poursuit le texte.
Un document de 2004, baptisé Description des pressions physiques, fait en effet référence à ce procédé. Ce dernier consiste à simuler l’inhumation du détenu vivant dans une «une étroite boîte de confinement qui ressemble à un cercueil. La boîte a des trous d’air cachés pour empêcher l’étouffement.»
Une autre méthode consiste à «menacer de placer des insectes qui piquent dans les étroites boîtes de confinement avec les détenus mais de mettre à la place des insectes inoffensifs», afin de faire pression sur les prisonniers.
Outre ces procédés, de nombreuses spécifications indiquent aux employés des centres de détention comment priver les individus de sommeil, de nourriture, de toilettes, comment les gifler ou encore comment appliquer le waterboarding, une technique qui consiste à simuler la sensation de noyade.
Et surtout, les documents déconseillent formellement aux employés d’utiliser un «langage spéculatif par rapport à la légalité d’activités données», précisant que cela n’est «pas utile».
Ces nouvelles révélations s’ajoutent à une série de documents rendus publics dans le cadre d'une enquête du Sénat en 2014, sur le virage brutal des méthodes de détention pris après les attentats du 11 septembre 2001 contre les individus suspectés de terrorisme.
Depuis leur introduction, des dizaines de détenus ont été victimes de ces techniques d’interrogation poussées, rapporte le journal américain New York Times. Parmi ceux-ci, la CIA a reconnu que 26, dont un Algérien, un Macédonien et un Allemand, avaient été «arrêtés par erreur».
Les services de renseignement américains, reconnaissent que 100 prisonniers ont subi un tel traitement en détention, d'après des sénateurs démocrates.