Les bataillons seront composés de contingents envoyés principalement par l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Allemagne, et potentiellement le Canada. Quatre bataillons seront déployés en Lituanie, en Lettonie, en Estonie et en Pologne selon un principe de six à neuf mois de rotation. Il s’agit du plus important renforcement des troupes de l’OTAN en Europe de l’Est depuis la Guerre froide.
Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a également indiqué qu’il y aurait «une équipe de combat de brigade armée permanente, qui apportera son propre équipement à chaque rotation». En plus des bataillons de rotation, l’OTAN prévoit de créer des unités de «fer de lance» ultra mobiles. Il s’agit d’unités de haut niveau de préparation et technologiquement avancées ainsi que d'unités de forces spéciales capables d’être déployées rapidement dans tous les milieux : terre, air et mer. Une autre unité de force de réaction rapide composée de 40 000 militaires ainsi qu’un entrepôt de matériel prêt au combat sont également prévus.
Malgré ce déploiement massif, le secrétaire général de l’OTAN assure que l’Alliance «ne cherche pas de confrontation avec la Russie». «Nous ne souhaitons pas une nouvelle Guerre froide», a-t-il ajouté bien qu’ayant précisé que l’OTAN continuerait «de protéger et de défendre tous ses alliés de toute menace».
Les Etats-Unis font également pression, au sein de l’Alliance, pour qu’un bouclier anti-missile soit installé en Europe de l’Est afin d’enrayer «la menace russe», ce qui augmenterait encore le nombre d'avions de chasse de l’OTAN et d'intercepteurs de missiles sol-air dans la région. Par ailleurs, la Bulgarie et la Roumanie souhaitent que l’OTAN renforce sa présence maritime dans la mer Noire, pour contrer la flotte russe basée en Crimée. Demande qui semble être acceptée favorablement par l’OTAN puisque son secrétaire général a indiqué que l’Alliance avait «décidé de mettre en place des mesures adaptées dans la zone stratégique de la mer Noire […] L’OTAN renforcera sa présence et salue les initiatives et les propositions [de la Roumanie et de la Bulgarie]».
Au lendemain de la Guerre froide, Washington et Moscou s’étaient entendus pour que l’OTAN ne s’étende pas à l’est, a rappelé l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en URSS, Jack Matlock.
La Russie critique depuis longtemps l’élargissement et le renforcement des troupes de l’OTAN en Europe de l’Est, les qualifiant de menace pour sa sécurité et pour la stabilité en Europe. A l’issue de la réunion de l’OTAN, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a mentionné que les services de sécurité et de renseignement russes surveilleraient de près les activités de l’Alliance près de des frontières de la Russie.
«Notre ministère de la Défense ainsi que tous les services compétents surveillent dûment tous les changements dans la dislocation des forces militaires étrangères à proximité de nos frontières. Ils analysent tous leurs changements et leurs mouvements et prennent des mesures pour défendre les intérêts de la Russie et sa sécurité», a déclaré Dmitri Peskov.