Le gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment affiché une position dure envers Daesh, largement relayée par les médias nationaux, qui ont fait leurs choux gras des opérations militaires contre le groupe terroriste.
Cependant, RT a appris que la situation sur le terrain était très différente de celle qui présentée par Ankara, quand sa correspondante Lizzie Phelan s’est rendue à Kargamis, située tout près de la zone frontalière contrôlée par Daesh.
Les combattants de Daesh et leurs fortifications dans la ville syrienne de Jerablus sont «étonnement visibles» de l’autre côté de la clôture, a rapporté la correspondante de RT.
«Lorsqu’on zoome de l’autre côté de la frontière, en haut de cet édifice rose, nous pouvons clairement voir le drapeau de l’Etat islamique», a-t-elle remarqué.
Lizzie Phelan a indiqué avoir vu «des véhicules bouger juste de l’autre côté de la clôture [au-delà de la frontière]» et a entendu les djihadistes «faire des annonces par haut-parleurs disant "Dieu aide Daesh dans son combat"».
Le groupe terroriste qui contrôle 98 kilomètres de frontière a aussi creusé de vastes tranchées, tâche qui pris plusieurs mois, mais a été complètement ignorée par l’armée turque.
Le propriétaire d’un magasin de la ville, Bulent Polat, un des rares à être resté à Kargamis, a confirmé à RT que les djihadistes avaient construit des fortifications sans problème, sous le nez des troupes turques.
«Ce sont les tranchées que Daesh a creusées, nous pouvons les voir. Nous pouvions facilement les voir faire. C’est très proche de la frontière, à environ 50 mètres. Si vous pouvez voir les tranchées d’ici aujourd’hui, vous auriez dû les voir en chantier avec tout leur équipement», a-t-il confié.
Grâce à ses vidéos, Bulent Polat peut témoigner que l’armée turque a fermé les yeux sur les activités des djihadistes à Jerablus. On peut entre autres observer la façon dont Daesh s’est approché des positions de l’armée turque et a posé des mines, sans être inquiété.
Les mines autour de Jerablus ont rendu presque impossible pour les civils de fuir la ville tenue par Daesh.
«Quand Daesh a lancé des roquettes et que des fonctionnaires de haut rang sont venus constater les dégâts, nous leur avons demandé : "Pourquoi ne faites-vous rien ?" Ils ont répondu que l'ordre qui venait d'en haut consistait seulement à prendre des mesures pour la sécurité des soldats», a souligné Bulent Polat.
Pour le propriétaire du magasin, «si l’armée en a l’ordre, cela ne lui prendra que 24 heures pour en terminer avec Daesh» dans la région.
Cependant, il n’y a pas que les services de sécurité turcs qui ont détourné le regard, puisque les avions de la coalition internationale ont vu aussi les tranchées être creusées et n’ont rien entrepris.
«Chaque fois que nous voyions un avion de la coalition dans le ciel, nous nous disions "oh, c’est un faux"», a expliqué ironiquement Bulent Polat.
Il a aussi souligné que la frontière turco-syrienne était loin d’être impénétrable et a proposé à l’équipe de RT de la traverser, prévenant toutefois que la correspondante devrait porter une Burqa comme celles imposées aux femmes dans les territoires contrôlés par Daesh, pour ne pas attirer l’attention et ainsi assurer sa sécurité.
«Vous n’allez pas vous identifier comme journaliste, autrement vous êtes morte», a-t-il ajouté.
Les habitants estiment que les homme politiques du parti au pouvoir, l’AKP (Parti de la justice et du développement), sont des traitres à qui on ne peut pas faire confiance, depuis qu’ils ont laissé leur peuple vivre dans le voisinage de Daesh sans bouger le petit doigt.
«Je ne voterai pas pour l’AKP même s’il m’offre toute la ville de Kargamis».
Les accusations de liens entre le gouvernement turc et Daesh se sont multipliées ces derniers mois et pour certains le président Erdogan soutient le groupe terroriste afin de se débarrasser de son vieil ennemi Bachar el-Assad.