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Suspension du procès d’Aube dorée : les vieux démons d’une Grèce en crise

Le procès des cadres d’Aube dorée a été suspendu jusqu’au 12 mai pour des raisons d’organisation, alors que le mouvement néo-nazi profite de la crise pour s’imposer dans une Grèce ravagée par l’austérité et ses conséquences sociales dramatiques.

Ce procès, qui a déjà été suspendu une première fois, doit établir si le parti peut être qualifié «d’organisation criminelle». Ses militants sont en effet accusés de commettre de nombreuses agressions contre des immigrés et des opposants politiques, ainsi que de former des milices. Parmi les 70 accusés, le fondateur du parti Nikos Michaloliakos et 12 autres députés ont refusé de se rendre au tribunal, et sont donc représentés par leurs avocats. 

L’audience a été levée pour prendre en compte une demande de déménagement du tribunal, qui pour l’occasion a été spécialement aménagé dans la prison de Korydallos, un lieu excentré où des opposants manifestent, faisant craindre des débordements. 

Les dirigeants d’Aube dorée ont été arrêtés en novembre 2013, après le meurtre d’un rappeur imputé à des militants. Ils ont depuis été libérés. Si le tribunal qualifie le mouvement d’«organisation criminelle», il risque d’être interdit et ses dirigeants encourront 20 ans de réclusion.

Aube dorée est devenue depuis quelques années la troisième force politique du pays. Entrée au Parlement en 2012, elle a obtenu 17 députés lors des élections législatives du 25 janvier. Son développement spectaculaire s’appuie sur une stratégie d’implantation dans les quartiers populaires, dont le délitement économique et social est un terreau favorable. 

La crise de la dette a plongé la Grèce dans un chaos économique et social, qu’aggravent les politiques d’austérité imposées par les institutions européennes. Elu le 25 janvier, le Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras doit relever un pays exsangue, au bord de la faillite et menacé de la sortie de l’euro.