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Les élections au Royaume-Uni : qu'est-ce qu’elles changent pour la France ?

Les élections générales britanniques ont lieu le 7 mai. Les deux partis susceptibles de l’emporter sont le Parti conservateur et le Parti travailliste. Mais que peut en attendre la France ?

Le sujet de l’avenir de la Grande-Bretagne au sein de l’Union européenne est l’un des thèmes principaux de ces élections générales. Un référendum sur la sortie de l’UE du Royaume-Uni pourrait avoir lieu en 2017. Mais est-ce que l’UE doit craindre ce départ ? Et comment les résultats des élections, peuvent-ils toucher la France ?

Le référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne a été promis de longue date par l’actuel Premier ministre, le conservateur David Cameron. Il entend l’organiser en 2017 en cas de victoire du parti conservateur, bien entendu. «Nous allons donner aux Britanniques un référendum avec un choix très simple : à l'intérieur ou à l’extérieur ? Voulez-vous rester dans l'Union ou partir tous ensemble ?», a déclaré David Cameron. 

D’après les sondages, le Parti travailliste est au coude-à-coude avec le Parti conservateur, tous les deux obtiendraient 33% des suffrages. Si le Parti travailliste gagne les élections, ce referendum de 2017 pourrait être remis en question. Ed Miliband, le chef du parti, a déclaré à plusieurs reprises qu’une sortie de l’UE serait un «désastre» pour le pays, surtout aux niveaux économique et de la création d’emplois. «Le risque le plus important pour les entreprises britanniques, c’est la menace d'une sortie de l'UE», a-t-il déclaré lors de sa campagne électorale.

UKIP [qui est l'abréviation anglaise de parti britannique pour l'indépendance] prend aussi part aux élections générales. Les sondages promettent la troisième place à ce parti antieuropéen qui se prononce pour la sortie de l’UE. «La perspective d'un référendum aura des conséquences négatives pour la fragile reprise de l'économie britannique», a estimé Nick Clegg, le patron des libéraux-démocrates et vice-Premier ministre britannique. «Des années et des années d'incertitudes du fait d'une renégociation interminable et mal cadrée de notre place en Europe affectent la croissance et l'emploi», a-t-il poursuivi.

Mais à quoi la France peut-elle s’attendre si le référendum a lieu et que la Grande-Bretagne décide de quitter l’Union Européenne, un hypothèse couramment dénommée Brexit.

Augmentation des charges budgétaires

11% de la contribution au budget européen vient du Royaume Uni. Si la Grande-Bretagne se retire de l’UE, les trois principaux acteurs européens – l’Allemagne, la France et l’Italie – devront assumer la compensation de la plus grande partie de cette réduction budgétaire. Dans ce cas-là, l’Allemagne devra payer 2,5 milliards d’euros supplémentaires à Bruxelles, et la France 1,87 milliards d’euros. «Le Brexit est un jeu perdant pour tout le monde en Europe. En plus des conséquences économiques, cela serait un recul pour l’intégration européenne, de même que pour le rôle de l’Europe dans le monde», estime l’homme politique néerlandais et chef de la direction de la Fondation Bertelsmann, Aart Jan De Geus.

Perturbation des échanges commerciaux

La France constitue le troisième plus grand marché pour l’économie du Royaume-Uni, après les Etats-Unis et l’Allemagne. En 2011, les exportations britanniques à destination de la France ont augmenté de 14,3% en comparaison de l’année précédente. Dans le même temps, les exportations françaises à destination de la Grande-Bretagne ont aussi progressé, passant de 18,133 à 19,138 milliards de livres. Si les Britanniques décidaient de s’émanciper de la tutelle bruxelloise, cela se traduirait obligatoirement par des pertes qui toucheront la France mais aussi tous les autres pays membres, en particulier l’Irlande, le Luxembourg et la Belgique qui entretiennent des relations économiques plus étroites avec Londres.

Selon Denis MacShane, ancien ministre travailliste des Affaires européennes, en cas de sortie de l’UE, la Grande-Bretagne devrait conclure «des accords de libre-échange avec l’Europe qui représente 50% de ses débouchés». «Ces négociations seront intenses, difficiles (le marché britannique ne représente qu’un dixième de ce que produit l’UE). Elles seront aussi longues : les nouveaux accords avec chacun des 27 pays membres de l’Union devront en effet être ratifiés par 28 parlements», met en garde Denis MacShane. Il reste néanmoins difficile d’évaluer pour l’instant l’ampleur de ces pertes.

Quid du tourisme ?

18% des Britanniques, soit 19,3 millions de citoyens du Royaume-Uni et du Commonwealth, viennent passer des vacances dans l’Hexagone chaque année et, accessoirement, y dépenser leur argent. En France, pays le plus visité du monde depuis plusieurs années, l’industrie touristique emploie près de 2,9 millions de personnes et contribue au PIB français à hauteur de 9,7%. Une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne aura probablement une influence sur les flux touristiques entre les deux pays, que l’instauration de tracasseries administratives pourrait faire baisser considérablement, bien que le détail des modalités de cette sortie éventuelle n’ait pas encore été arrêté.