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La Cour constitutionnelle du Burundi sous pression

La Cour constitutionnelle du Burundi a validé hier la candidature, contestée par l’opposition, à un troisième mandat du président sortant alors que la confrontation entre manifestants et forces de l’ordre se poursuit.

Cette décision tranche en faveur du pouvoir la controverse qui a provoqué le développement d’un important mouvement de contestation à l’approche des élections présidentielles du 26 juin. Le vice-président de la Cour constitutionnelle Sylvère Nimpagaritse a fui le pays. Il dénonce «d’énormes pressions et même des menaces de mort» sur les sept juges de la cour et déclare : «En mon âme et conscience, j'ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi et qui a été imposée de l'extérieur, qui n'a rien de juridique».

Pour calmer la situation à l’approche des élections législatives et communales, le vice-président Prosper Bazombanza propose de «relâcher les jeunes gens qui ont été arrêtés au cours des violences enregistrées dans les différents quartiers de la capitale, à condition qu’ils renoncent explicitement à la récidive».

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Une «main tendue» rejetée par l’opposition, qui ne se résout pas à abandonner le combat. «On ne négocie pas un droit ! Le droit de manifester, c’est notre droit. Tous les droits qui nous sont reconnus par la Constitution et les conventions internationales, qui ont été ratifiées par le Burundi ont été systématiquement enterrés par le gouvernement», proteste l’opposant Gabriel Rufyiri. 

Malgré l’accalmie relative qui règne depuis hier, au lendemain des violences qui ont entraîné la mort de 4 personnes, l’opposition est déterminée à obtenir le retrait de la candidature de Pierre Nkurunziza. La capitale Bujumbura reste paralysée et la répression policière se poursuit. Des fissures apparaissent au sein de l’armée déployée pour maintenir le calme, certains officiers affirmant leur neutralité et d’autres rappelant leur loyauté au pouvoir en place.  

L’opposition a qualifié la candidature de Pierre Nkurunziza d’inconstitutionnelle en s’appuyant sur la limite de deux mandats présidentiels consécutifs fixée par la constitution, une interprétation qu’à rejetée la Cour constitutionnelle, au profit de celle des partisans du président sortant. Ces derniers soutiennent que le premier mandat qu’il a exercé à partir de 2005, en période de transition, n’entre pas dans le champ de cette limitation. 

Ces dispositions renvoient aux accords d’Arusha qui avaient permis de mettre fin en 2006 à une guerre civile qui ensanglantait le pays depuis 1993. Selon les chiffres de l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés, 21 000 Burundais ont fui le pays au mois d’avril, à destination du Rwanda et de la République démocratique du Congo.