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Démission du responsable de l’enquête des Nations unies sur les crimes de guerre à Gaza

Le chef de l’enquête de l’ONU sur les combats opposant Israël au Hamas a promis de démissionner à cause des allégations israéliennes sur son parti pris en faveur de la Palestine. Il a qualifié ces critiques « d’attaques malveillantes ».

En août dernier, William Schabas, universitaire canadien vivant en Grande-Bretagne, a été nommé à la tête d’une équipe de trois membres du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour enquêter sur les circonstances de l’opération « Bordure protectrice ». Après cette offensive sur Gaza en été 2014, des soupçons de crimes de guerre ont été émis contre Israël. 2 200 personnes environ, dont la majorité étaient des civils palestiniens, ont été tuées lors de ce conflit.

Dès que son nom a commencé à circuler, les officiels israéliens sont entrés en résistance en accusant William Schabas d’être contre Israël. « Si on avait besoin de preuves supplémentaires, la nomination du président de la commission connu pour ses opinions et ses positions contre Israël, prouve incontestablement qu’Israël ne peut pas compter sur la justice et que le rapport de la commission a été déjà écrit », avait déclaré Avigdor Liberman, le ministre israélien des Affaires étrangères.

Dans une lettre à la commission des Nations unies, Schabas annonce sa démission immédiate pour éviter que les liens qu’il a entretenus avec l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) n’entachent son rapport, a annoncé l’agence Reuters. En 2012, il avait donné un avis juridique à l’OPL et reçu 1 300 dollars pour son travail, a-t-il écrit. Mais il soutient que son conseil n’était pas différent de celui qu’il a pu donner à d’autres organisations et gouvernements.

« Ma position sur Israël et la Palestine, ainsi que sur beaucoup d’autres questions, était largement connue et publique », écrit-il encore. « Il semble que ce travail sur la défense des droits de l’homme m’a transformé en une grande cible pour des attaques malveillantes (…) ».

Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a appelé à détruire le rapport de l’ONU après la démission de Schabas, estimant que cette décision prouvait que son accession à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en faisait un « organe anti-israélien ».

Avigdor Liberman, ministre israélien des Affaires étrangères, a avoué qu’il ne s’attendait pas à ce que ce rapport ait de l’influence, mais il a fait l’éloge de la diplomatie israélienne qui a provoqué la démission de Schabas. « Même les plus grands hypocrites dans les organes internationaux ne peuvent pas ignorer qu’une enquête de Schabas sur Israël est comme celle de Caïn sur le meurtre d’Abel », a déclaré Liberman.

La responsable palestinienne Hanan Ashrawi a reproché aux autorités israéliennes d’avoir pris Schabas pour cible. « Ils essayent d’intimider, de calomnier, de discréditer pour créer des difficultés à quiconque demanderait à Israël de rendre des comptes, enquêterait sur les violations ou les crimes de guerre d’Israël », a-t-elle expliqué.

Après avoir été nommé chef de la commission et décrié en Israël, Schabas s’est engagé à réaliser une enquête impartiale. « Je peux vous promettre que je ne suis pas contre Israël, mais cela ne signifie pas que je n’ai pas d’opinion personnelle sur certains membres des gouvernements israéliens de ces dernières années », a précisé l’intéressé lors d’une interview sur une chaîne israélienne, avant d’ajouter : « Ces propos ont été tenus dans un contexte particulier et c’est ainsi qu’il faut les considérer. Je suis venu en Israël à plusieurs reprises. J’ai donné des conférences dans les universités et je siège dans le comité de rédaction d’un journal israélien. Je ne l’aurais pas fait si j’étais contre Israël ».

Le travail de la commission a été bloqué par Israël qui lui a interdit en novembre l’entrée dans la bande de Gaza depuis son territoire. Mais alors que les enquêteurs n’ont pas bénéficié d’une coopération officielle de sa part, Israël leur a remis ce qu’il considère être des preuves complètes des crimes de guerre commis par le Hamas pendant le conflit.

Le mandat de la commission couvre l’enquête sur des crimes présumés commis par le Hamas et Israël dans la bande de Gaza, mais aussi dans la partie occupée de Jérusalem-Est. Le but est d’identifier les coupables et de faire des recommandations « en vue d’éviter et de mettre fin à l’impunité, de s’assurer que les responsables soient poursuivis et sur les moyens de protéger les populations civiles de nouvelles attaques ».

A l’heure actuelle, l’équipe a pratiquement terminé de recueillir des preuves et prépare un rapport qui sera présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève en mars 2015.