Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a indiqué que des habitants de la ville irakienne de Falloujah qui tentaient de fuir la ville avaient été abattus en tentant de traverser l'Euphrate. Les forces gouvernementales rencontrent également une féroce résistance des combattants de l'Etat islamique. Située à 50 kilomètres à l'ouest de Bagdad, Falloujah est aux mains des jihadistes depuis janvier 2014.
L'organisation norvégienne gère les camps dans la ville d'Amriyat al-Falluja, où la plupart des civils qui ont fui les zones autour du bastion djihadiste assiégé sont accueillis. «Un nombre indéterminé de civils a été abattu en essayant de traverser la rivière», a déclaré le NRC. Un des seuls passages possibles pour les civils qui veulent fuir est de se faufiler par le cours d'eau.
La plupart de ceux qui ont déjà atteint des camps vivaient dans des zones périphériques et les 50 000 civils qui resteraient encore dans le centre de Falloujah seraient utilisés comme boucliers humains par l'Etat islamique.
Découverte d'un charnier : la crainte d'un bain de sang à Falloujah
Les forces irakiennes ont cependant pris samedi 4 juin la localité de Saqlawiya, à environ dix kilomètres au nord-ouest du fief jihadiste de Falloujah, qui permet d'assiéger totalement la ville capturée début 2014 par Daesh.
Un colonel de la police de la province d'Al-Anbar, où sont situées Saqlawiya et Falloujah, a fait état dimanche 5 juin de la découverte d'«une fosse commune dans le quartier de Chouhada (à Saqlawiya) au cours d'une opération de déminage». «La fosse commune contient environ 400 corps de militaires. Y figurent aussi plusieurs civils», a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
Selon lui, la plupart des victimes auraient été abattues d'une balle dans la tête. Les corps seraient principalement ceux de soldats irakiens tués par les djihadistes de Daesh au cours d'une série d'attaques meurtrières contre des bases de l'armée dans cette zone.
La résistance de l'Etat islamique faiblit, des combattants fuient dissimulés sous des robes de femme
Ce dimanche, les forces d'élite irakiennes affrontaient les djihadistes dans les quartiers de Chouhada et Jbeil, situés dans le sud de Falloujah. «Il y a de la résistance mais un peu moins qu'au cours des jours précédents», a indiqué le général Abdelwahab al-Saadi, commandant de l'opération pour la reprise de Falloujah, précisant que les forces gouvernementales n'avaient pas encore réussi à pénétrer dans la cité par le nord.
Selon l'agence de presse iranienne qui cite des sources de sécurité anonymes, beaucoup de combattants de l'Etat islamique auraient d'ailleurs été arrêtés alors qu'ils tentaient de fuir la ville, habillés avec des robes de femme, parmi le flux de réfugiés quittant la ville.
Dans l'opération visant à reprendre Falloujah, les soldats et les policiers sont appuyés par les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi, dominées par les milices chiites qui ont participé à l'encerclement de la ville il y a deux semaines mais sont jusqu'à présent restées à l'extérieur, laissant les forces du CTS donner l'assaut sur la cité.
«Nous avons accompli la tâche qui nous a été assignée, celle d'encercler [Falloujah], tandis que la libération a été affectée à d'autres forces», a affirmé dimanche 5 juin à des journalistes Abou Mahdi al-Mohandis, le commandant militaire des unités paramilitaires.
Création d'un comité sur les droits de l'Homme
«Nous sommes toujours présents dans la zone et nous continuerons à [les] soutenir si la libération se fait rapidement. S'ils n'en sont pas capables, nous nous joindrons à eux», a-t-il prévenu. Les milices chiites, pour la plupart sous la responsabilité de Bagdad même si certaines répondent directement à Téhéran, ont été accusées à plusieurs reprises d'alimenter le sectarisme et leur participation aux opérations de Falloujah est considérée comme potentiellement explosive.
Par ailleurs, le Premier ministre Haider al-Abadi a ordonné la création d'un comité sur les droits de l'Homme pour examiner «toute violation des instructions relatives à la protection des civils» et émis «des ordres stricts» pour que des poursuites aient lieu dans le cas d'abus.
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