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Un journaliste du Guardian épinglé pour des témoignages inventés

Dans ses chroniques écrites pour l'un des plus prestigieux journaux britanniques, l'homme déformait complétement ses récits et insérait dans ses reportages des propos de personnes inexistantes. Jusqu'à ce que les lecteurs s'en rendent compte !

Joseph Mayton, journaliste confirmé était correspondant pigiste pour The Guardian depuis 2009 et vivait en Californie. C'est de là qu'il faisait parvenir au journal ses chroniques sur la vie de la côte ouest des Etats-Unis.

Mais de fil en aiguille, les lecteurs de l'un des principaux organes de presse du Royaume-Uni ont commencé à douter de la véracité des récits de Joseph Mayton. Et il faut croire qu'ils avaient raison.

A force de recevoir de nombreuses plaintes de lecteurs offusqués ou pas dupes, The Guardian a fini par embaucher un expert indépendant qui a examiné les 50 articles du journaliste.

Et là, panique à bord ! Au terme de l'expertise, il est apparu que la plupart des orateurs interrogés par Joseph Mayton n’existaient pas !

L’expert a également contacté d'autres témoins censés avoir été «interrogés». Tous ont expliqué ne jamais avoir tenu les propos qui leur ont été imputés par le journaliste dans ses articles.

De plus, le rapport a révélé que le journaliste avait prétendu à plusieurs reprises se trouver dans des endroits où il ne s'était pas rendu.

L’homme a nié en bloc ces accusations, mais est resté incapable de fournir des preuves, telles que des enregistrements audio ou vidéo, qui pourraient prouver que ses entretiens étaient effectivement réels. 

Après avoir appris les résultats de l'enquête, The Guardian a retiré 12 articles de Joseph Meyton de son site web.

C'est la deuxième fois ce mois ci que le journal l'un des plus lus de Grande Bretagne se fait remarquer pour ce genre d'histoires. Le 25 mai dernier, le gouverneur de la région d'Odessa en Ukraine, Mikhail Saakashvili, avait accusé un autre journaliste du Guardian, Shaun Walker, d’avoir inventé des faits dans son article sur les réformes menées en Ukraine.

Bobards à babord dans le milieu journalistique

Il faut croire que ce genre d'histoires n'est pas nouveau dans le monde du journalisme. En mai 2015, une enquête avait révélé que le journaliste québecois François Bugingo, qui écrivait et faisait des reportages pour Presse, Radio-Canada, TVA, Télé-Québec, Le Devoir, 98,5fm et Le Journal de Montréal, avait inventé de toutes pièces des dizaines de faits.

L'homme se présentait comme un journaliste de guerre passionné, toujours présent au cœur de l'action, que ce soit en Libye, en Bosnie, en Mauritanie, au Rwanda, au Burundi ou en Somalie.

Mais les prises d'otages, exécutions et autres combats féroces, le journaliste n'en a jamais vu de ses propres yeux. L'imposture a fait grand bruit au Québec, où beaucoup s'en souviennent encore.

Aux Etat-Unis en février 2015, le présentateur vedette du réseau NBC Brian Williams a été suspendu de ses fonctions, après avoir raconté que l'hélicoptère militaire dans lequel il avait pris place avait été touché par des tirs lors de la guerre en Irak. C'était faux. Un autre appareil avait été atteint.

En France en 1991, le célèbre journaliste Patrick Poivre-d'Arvor avait présenté une entrevue en tête-à-tête avec le leader cubain Fidel Castro. En réalité, il avait assisté à une simple conférence de presse. Au montage, il avait coupé les questions de ses collègues pour n'y laisser que les siennes.

Mais le prix du plus beau bobard revient sans aucun doute à la journaliste américaine Janet Cooke. En 1981, elle avait gagné le prestigieux Prix Pulitzer pour «Jimmy's World», un reportage poignant sur la vie d'un garçon de 8 ans accro à l'héroïne, publié dans The Washington Post. Jimmy n'existait toutefois que dans sa tête.

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