«C'est de l'hypocrisie, du deux poids deux mesures», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Antalya dénonçant la présence en Syrie de membres des forces spéciales américaines, dont certains arborent l'insigne des Unités de protection du peuple (YPG) ce qui est jugé «inadmissible».
Les images en question ont été prises par un photographe de l’AFP dans un village syrien, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Raqqa, «capitale» du groupe terroriste Daesh et cible d’une nouvelle offensive menée par les forces kurdes et arabes, soutenues par des conseillers militaires américains et des forces aériennes.
On y voit des soldats américains dans une camionnette Toyota équipée d’un lance-grenade. Au moins un soldat porte les deux insignes, l’américain bien sûr, mais aussi un écusson vert avec une étoile, drapeau des Unités de protection du peuple (YPG).
Si le colonel Steve Warren, porte-parole américain de la coalition internationale à Bagdad, a qualifié l’insigne de «signe de partenariat», les images pourraient causer des tensions avec la Turquie, allié de l’OTAN qui s’oppose au soutien américain à l’YPG, considéré par Ankara comme organisation terroriste.
Le Pentagone s’explique
Interrogé sur l'insigne de l’YPG arboré par certains des soldats américains, le porte-parole du Pentagone Peter Cook a expliqué que des situations similaires s’étaient déjà présentées.
«Nos forces d’opérations spéciales ont porté dans le passé les insignes et d’autres marques d’identification avec leurs forces partenaires», a-t-il affirmé aux journalistes. Selon lui, elles «font ce qu’elles peuvent pour se fondre dans la communauté» et assurer leur propre protection.
Cet incident soulève aussi la question de savoir à quel point les troupes américaines sont proches de la ligne de front. Peter Cook a confirmé la présence de 300 soldats des forces spéciales en Syrie, mais, invoquant des raisons de sécurité, a refusé de dire où ils se trouvaient exactement.
«Ils ont une mission de conseil et d'assistance auprès des forces qui mènent le combat contre Daesh, tentent de les soutenir, d’utiliser leurs aptitudes et capacités afin de renforcer l’efficacité de ces forces», a-t-il précisé, concluant : «Ils ne sont pas sur la ligne de front.»
Tandis que le corps expéditionnaire russe a été déployé afin de combattre Daesh à la demande officielle du gouvernement syrien, une telle invitation n’a pas été envoyée aux troupes américaines. En outre, Washington a renoncé à la coopération avec Damas, insistant sur la nécessité d’un changement de gouvernement en faveur des rebelles, soutenus par les alliés américain, turc et saoudien.
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