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Polémique autour des églises allemandes qui abritent des migrants syriens sans statut de réfugié

Les coutumes médiévales renaissent en Allemagne : l'église catholique dans le sud de la Bavière offre l'asile religieux aux réfugiés qui ont fui Daesh et que le gouvernement a l’intention d’expulser.

«Nous acceptons chez nous des réfugiés qui ont une bonne chance de voir leur demande d'asile acceptée et pour qui nous sommes le dernier recours», a fait savoir le prêtre Peter Brummer, qui défend l'asile religieux depuis 20 ans. Il a ajouté qu'il ne cachait pas ses activités et que les autorités étaient libres de venir dans leurs locaux. A son avis l’église rend un service au gouvernement en le soulageant des dépenses liées à l'accueil des réfugiés.

Zone de non-droit ?

Le problème est que le dispositif législatif allemand ne définit pas la légalité de l'asile religieux et qu'il revient donc au pasteur de décider si l’église doit offrir un abri ou non.

Le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière est allé jusqu'à comparer cette coutume avec la charia, avant de se rétracter un peu plus tard. Au contraire, la tradition est tolérée parmi les citoyens, dont la majorité sont chrétiens et les autorités locales rendent hommage au rôle exceptionnel que joue l’église catholique.  

Les églises allemandes ont commencé à aider des réfugiés vulnérables en 2015, après que la forte hausse de l’afflux des migrants. Certains s’en occupent pour provoquer les autorités, rapporte l'édition allemande du site The Local. Pour sa part, Peter Brummer insiste sur le fait que «les chrétiens ne devraient pas rester indifférents devant les nécessiteux». 

Les migrants qui sont persécutés chez eux par les djihadistes profitent de la protection de l’église mais n'ont aucune possibilité de quitter la zone où ils sont en sécurité depuis quatre mois. Il vont devoir attendre encore un peu. Selon la loi allemande, il faut passer six mois dans le pays pour pouvoir obtenir le statut de réfugié.

Avant ce délai, les réfugiés sont déportés à l'endroit où ils ont été enregistrés la première fois qu'ils ont pénétré sur le territoire de l'Union européenne. En s’adressant à l’église, les migrants espèrent ainsi éviter d'être renvoyés en Hongrie, en Serbie, en Pologne ou en Croatie. Autant de pays qui offrent des conditions de vie bien moins favorables aux réfugiés et qui ont pris l’initiative d'édifier des clôtures barbelées le long de leurs frontières.