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En Irak, les Yézidis sont déterminés à amplifier leur résistance à l'Etat islamique

Après avoir subi de lourdes pertes en raison des massacres perpétrés par l’Etat islamique, la communauté yézidie s’organise militairement, avec de maigres moyens.

Victimes d'une épuration ethnique organisée par les troupes de Daesh, les Yézidis ont été contraints de se déplacer, pour s’installer – provisoirement espèrent-ils – dans des camps de réfugiés situés au Kurdistan. Mais quelques centaines d’entre eux ont décidé de prendre les choses en main et ont monté un camp d’entraînement situé au nord de l’Irak. C'est ainsi que sont nées les Unités de protection de l’Ezidkhan (HPE).

Confrontés à la défection des troupes du Parti Démocratique du Kurdistan censées les défendre face aux assauts de Daesh, les Yézidis ont, dans leur fuite, compris qu’eux seuls pouvaient assurer la protection de leur communauté.

Les premiers groupes armés Yézidis ont vu le jour sous le nom d’Unités de Protection de Sinjar (HBS), soutenus par les militants du PKK. Mais accusé de collaborer avec les chiites, Haydar Shasho, chef des HBS, a été arrêté par les responsables affiliés au Parti démocratique du Kurdistan de la ville irakienne d’Erbil. Les HBS sont alors devenues les HPE, prenant leur distances avec leurs anciens alliés.

Financés par la diaspora yézidie réfugiée en Europe, ces milices disposent de moyens extrêmement limités. «Comment voulez-vous qu’on leur apprenne à utiliser des armes si nous n’en avons pas ?», déplore Bryan, chargé de l’instruction militaire. «On ne peut rien faire… Il faut le dire en Europe ! On a besoin d’aide, de matériel [...] On ne fait pas tirer au fusil, les balles coûtent trop cher», explique-t-il à la Tribune de Genève.

Face aux multiples rapts de femmes yézidies perpétrés l’Etat islamique, certaines d'entre-elles ont décidé de constituer des formations militaires. Dans le camp, on en trouve une vingtaine qui se sont engagées avec l’accord de leur famille. «Il y aurait eu moins de sang si les Yézidies avaient pu se défendre», affirme Ghazal, une jeune recrue. «Nous avons un numerus clausus pour les volontaires de sexe masculin, mais pas pour les femmes : nous les acceptons toutes», déclare le commandant des HPE, qui comptent 6 000 volontaires, dont plusieurs centaines de femmes.

Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'obtenir l’autonomie politique qu'espère cette communauté dans la région du Sinjar. Haydar Shasho table sur un rapprochement «avec le ministère de la Défense irakien ou le ministère des Peshmergas kurdes afin de pouvoir recevoir un soutien financier ou matériel», qui permettrait à ses troupes de s’affirmer sur le terrain militaire, mais aussi de garantir un avenir plus sûr aux Yézidis.