Les premiers cours de formation d’imams financé par le gouvernement suédois débuteront à Stockholm cet automne. La Suède cherche à se doter de chefs religieux musulmans proposant une lecture de l’islam «ancrée localement», débarrassée des influences radicales qui peuvent venir de l’étranger.
Lors de l’année scolaire, le gouvernement suédois financera un programme d’éducation au sein du lycée Kista Folkhögskola, pour fournir une base théologique à ceux qui souhaiteraient devenir imams.
«Nous allons enseigner la théologique musulmane et le rôle que doit jouer un imam. La première année servira en quelque sorte d’introduction. Progressivement, le programme d’études sera enrichi et approfondi», a expliqué Abdulkader Habib le directeur de l’école au micro de Sverige Radio.
Pour lui, c’est en offrant une formation islamique aux musulmans et aux jeunes immigrés que l’on pourra former des clercs compatibles avec les valeurs scandinaves. Avec cette formation religieuse, le gouvernement souhaite contrecarrer les tentatives d’endoctrinement radical qui pourraient avoir lieu dans certaines communautés musulmanes. «Cet enseignement contribuera à éviter que beaucoup de musulmans se décident à rejoindre le Moyen-Orient pour recevoir une formation religieuse, au risque d’être contaminés par la pensée islamiste», complète le directeur de l’établissement.
Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de musulmans en Suède, mais les estimations oscillent entre 100 000 et 500 000 personnes. Si les premières vagues d'immigration ont commencé en Suède dans les années 1970, la crise des réfugiés de ces derniers mois pose la question de l’intégration de ces populations au sein de la société suédoise. Environ 163 000 migrants ont demandé l’asile en Suède en 2015, ce qui, proportionnellement au nombre d'habitants, fait de la Suède le pays d'Europe qui a accueilli le plus de réfugiés. Mais la même année, près de 300 ressortissants suédois ont rejoint l’Etat islamique en Irak et en Syrie, selon une étude récente du Centre international de lutte contre le terrorisme (ICCT).
Dans ce contexte, l’initiative du gouvernement suédois a été saluée par les autorités musulmanes : «C’est un pas en avant», a déclaré l'imam de la ville de Malmö, Salahuddin Barakat, dans les colonnes du site d'information The Local, avant de poursuivre : «Il est important de recevoir une éducation religieuse qui est ancrée localement, afin de prendre en compte certaines particularités.»