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Le Rwanda exhorte l'Europe à suivre l'exemple suédois et juger les affaires de génocide

Après la condamnation d'un Rwandais en Suède à une peine de prison à vie, les procureurs du Rwanda ont appellé leurs homologues européens à juger les cas de génocide eux-mêmes s'ils ne veulent pas extrader les personnes recherchées.

Claver Berinkidi a été condamné à la prison à perpétuité pour génocide et crimes de guerre, une peine assortie du versement de dommages et intérêts à une quinzaine de victimes rwandaises.

Agé de 61 ans, il habite en Suède depuis 2002 et a été naturalisé suédois en 2012. En 2007, il avait été condamné par contumace par un tribunal rwandais à 30 ans de prison. La justice rwandaise avait retrouvé sa trace après sa naturalisation et transmis le dossier au parquet suédois, qui a repris l'enquête.

Le gouvernement du Rwanda a indiqué qu'il y avait des centaines de cas similaires en attente, où des mandats d'arrêt ont été lancés contre des Rwandais résidant en Europe pour leur participation présumée dans le génocide de 1994 quand près de 800 000 personnes, en majorité des Tutsis, ont été tuées.

L'organisme d'Etat chargé de la traque des personnes suspectées d'avoir participé au génocide (GFTU) estime que des actes d'accusation et des mandats d'arrêt ont été émis par la justice du Rwanda à l'encontre de 130 suspects qui résident majoritairement en France, en Belgique, aux Pays-Bas,en Italie et dans les pays nordiques.

Le Rwanda accusé d'appliquer une justice partiale

Augustin Nkusi, porte-parole du GFTU, a déclaré que la dernière condamnation en Suède devrait être un exemple pour d'autres pays européens. «Vingt-deux ans plus tard, il devrait être clair pour les génocidaires soupçonnés qu'ils ne peuvent pas échapper à la justice pour toujours. Beaucoup de suspects de génocide sont en liberté en Europe alors que des mandats d'arrêt pèsent sur eux», a-t-il affirmé. Plusieurs Etats européens ont refusé d'extrader les suspects de génocide au cours des deux dernières décennies, estimant que les personnes concernées risquaient de ne pas obtenir un procès équitable dans leur pays d'origine.

Cette déclaration intervient alors qu'en France, le procès pour génocide s'est ouvert contre deux anciens «bourgmestres» au Rwanda accusés d'avoir participé à la mise en place du génocide. En 2010, un mécanisme des Nations unies pour les Tribunaux pénaux internationaux (UNMICT) a été mis en place pour achever les procédures ouverts par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), chargé de juger les responsables du génocide.

Le UNMICT a supervisé la poursuite de 90 personnes impliquées dans le génocide, affirme qu'il conserve une compétence sur les personnes qui sont «accusées d'avoir commis les crimes les plus graves» pendant les atrocités de 1994.