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Merkel va défier Erdogan sur la démocratie après sa décision de lever l’immunité des députés turcs

La chancelière allemande, qui rencontre le président turc lundi, entend évoquer ses «inquiétudes» quant aux manquements de la Turquie à la démocratie, après la décision controversée d'Ankara de retirer l'immunité parlementaire à ses députés.

Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a réagi vendredi au vote favorable du parlement turc, estimant que «pour la stabilité intérieure de toute démocratie, il est important pour chaque groupe significatif de la société d’être également représenté au parlement».

Il a ajouté que «la situation sera certainement abordée par la chancelière [Angela Merkel] en marge du sommet humanitaire avec le président turc».

Par ailleurs, la dirigeante allemande prévoit de rencontrer des activistes turcs de la société civile dimanche avant de rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan le lendemain.

«Cela ne concerne pas seulement la presse ; cela concerne chaque [forme d’] expression de la volonté publique par des citoyens qui veulent prendre part au débat public, et cela concerne particulièrement les représentants élus du peuple, qui devraient pouvoir exercer leur mandat librement et indépendamment», a conclu Seibert.

Plus tôt vendredi, le parlement turc a voté en faveur d’une loi visant à amender la constitution pour retirer aux députés leur immunité afin de pouvoir les soumettre à des poursuites judiciaires. Cette manœuvre pourrait potentiellement permettre de faire comparaître les parlementaires pro-kurdes et d’autres opposants devant les tribunaux, et ainsi, de les écarter du Parlement.

Une fois que leur immunité aura été levée, plus de 138 députés, dont de nombreux membres du Parti démocratique des peuples (HDP), pourraient être jugés pour «soutien au terrorisme» en raison de leur attitude favorable envers les groupes pro-kurdes.

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