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Le Canada autorise à son tour la consommation de saumon transgénique

Les autorités sanitaires canadiennes ont autorisé jeudi 19 mai la commercialisation d'un saumon génétiquement modifié, devenant le deuxième pays après les Etats-Unis à prendre une telle décision, vivement critiquée par les militants écologistes.

Le saumon transgénique conçu par la société américaine AquaBounty contient un gène d'hormone de croissance qui lui permet de grossir plus rapidement que les autres saumons.

Il peut atteindre sa taille adulte au bout de 16 à 18 mois, au lieu de 30 mois pour un saumon de l'Atlantique - dont il est issu et auquel a été greffé un gène d'hormone de croissance du saumon quinnat du Pacifique.

Après des «examens approfondis et rigoureux», le ministère de la Santé et l'Agence canadienne des aliments (ACIA) ont estimé que ce saumon était «aussi sain et nutritif pour les humains et le bétail que le saumon classique». 

Le saumon transgénique, commercialisé sous la marque «AquAdvantage», pourra être vendu sans être étiqueté comme produit génétiquement modifié car, selon le gouvernement, l'évaluation «n'a révélé aucune source de préoccupation en matière de santé et de sécurité». 

Le ministère de la Santé rappelle qu'il n'exige l'étiquetage des produits alimentaires que lorsque des risques pour la santé ont été «scientifiquement établis» ou que «des changements importants de la qualité nutritionnelle des aliments ont été relevés».

Face à cette décision, les organisations Vigilance OGM et Ecology Action Centre ont fait part de leur «consternation».

Pour Thibault Rehn de Vigilance OGM, ce feu vert à un saumon transgénique, «premier animal génétiquement modifié destiné à la consommation humaine dans le monde», est «déplorable» et a été donné «sans aucune consultation et sans étude indépendante».

S'appuyant sur un sondage Ipsos Reid réalisé l'an dernier pour son association de défense des consommateurs, M. Rehn rappelle que 45% des Canadiens ne souhaitent pas manger de saumon transgénique et qu'ils sont 88% en faveur de l'étiquetage obligatoire des produits contenant des OGM.

«La production de saumon génétiquement modifié menace l'avenir du saumon sauvage de l'Atlantique», a en outre remarqué Mark Butler du Ecology Action Centre.

Les autorités sanitaires américaines avaient toutefois souligné l'automne dernier que les saumons transgéniques étaient stériles et ne pouvaient donc se reproduire, même si certains parvenaient à s'échapper dans la nature.

Les autorités américaines ont aussi exigé que le saumon «AquAdvantage» soit élevé à terre, dans des piscicultures fermées, dont une est située au Canada.

Face au déclin des bancs de saumons sauvages de l'Atlantique, les autorités canadiennes en ont interdit la pêche commerciale et obligent depuis 2015 les pêcheurs amateurs à remettre à l'eau les plus gros spécimens, les montaisons étant, dans de nombreuses rivières, «les plus faibles jamais enregistrées», soulignait en avril 2016 le ministère des Pêches.

AquaBounty, basé dans l'Etat du Massachusetts, dans le nord-est des Etats-Unis, avait déjà obtenu en 2013 des autorités canadiennes l'autorisation de produire des œufs de saumons stériles génétiquement modifiés destinés à la vente.