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Canada : la police fédérale a maintenu deux journalistes sous filature

Le réseau public canadien CBC a confirmé en matinée que des membres de la GRC ont pris en filature deux journalistes du quotidien montréalais La Presse, pendant neuf jours en 2007, parce qu'ils refusaient de dévoiler leurs sources

Le réseau CBC (Canadian Broadcating Corporation) a appris par une note à l’intention du ministre de la Sécurité publique et obtenue par le diffuseur public, que des membres de la Gendarmerie Royale du Canada ont pris en filature les journalistes Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, du quotidien montréalais La Presse, pendant neuf jours en août 2007. Un internaute a noté que Thomas Mulcair le leader du parti NPD veut une enquête approfondie.

Les deux journalistes avaient dévoilé un scoop d’une analyse du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) faisant état d’une conversation impliquant le «présumé» collaborateur d’Al-Qaida, le Marocain Adil Charkaoui et d’un plan pour détourner un avion. Le duo avait ensuite refusé de divulguer l’identité de leur source confidentielle. «Cette tendance à percevoir le matériel journalistique comme une espèce de buffet dans lequel on peut piger existeC’est hautement préoccupant», lâche Lise Millette, présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

«Ce n’est pas une nouvelle pour moi», a dit Joël-Denis Bellavance, un des journalistes en question. Il explique avoir rencontré le commissaire Bob Paulson après la publication de l’arrêt de la Cour fédérale qui autorisait en novembre la divulgation des documents d’enquête de la police. «Il m’a expliqué que j’avais bel et bien été sous filature en 2007 et il s’est excusé formellement [en personne] en disant qu’il s’était opposé à l’opération. Sauf que les documents de la CBC m’apprennent que M. Paulson lui-même a ensuite autorisé une nouvelle opération».

Paulson a refusé plusieurs fois des demandes pour ces actions, mais ses hommes ont été insistants. Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a ajouté que cette surveillance a été menée sans l’autorisation du quartier général et que les agents responsables ont été «réprimandés».

Le deuxième journaliste impliqué, Gilles Toupin, n’a jamais reçu d’excuses de la GRC. Maintenant à la retraite, il n’a appris que mercredi matin par les médias qu’il avait fait l’objet d’une surveillance policière. «C’est un choc. J’ignorais totalement avoir été surveillé et j’attends les excuses. Je pense que les sources journalistiques doivent être complètement protégées et préservées. Je ne vois pas la pertinence pour un service de sécurité dans une démocratie de tenter de débusquer les sources journalistiques qui sont le pain et le beurre de notre profession. Si nous livrons nos sources à un service policier, nous nous coupons l’herbe sous le pied et plus personne ne voudra nous donner des informations».

La confirmation de cette histoire a fait réagir le premier ministre Justin Trudeau, qui juge cette surveillance «inacceptable».