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Le Maroc accuse Washington de mentir dans un rapport sur les droits de l’Homme

Le ministère marocain de l’Intérieur a qualifié de «pure et simple» invention le dernier rapport du Département d’Etat américain sur les droits de l’Homme dans ce pays du Maghreb, en mettant en question la poursuite de coopération avec Washington.

«Malheureusement, aujourd'hui le rapport n'est plus un outil d'information pour le Congrès, mais un instrument politique entre des mains dépourvues de toute rigueur et objectivité», a déclaré le ministère dans un communiqué. D’après lui, dans ce document «véritablement scandaleux», les Américains s’appuient sur des sources peu fiables et politiquement hostiles et vont de «l'approximation de l'information à son invention pure et simple, de l'appréciation erronée au mensonge caractérisé».

Selon l’agence nationale de presse MAP, depuis quelques années, les autorités marocaines tentent d’attirer l’attention de Washington sur le manque de rigueur du rapport annuel sur les droits de l’Homme rédigé par le Département d’Etat américain et ses conclusions générales, souvent hâtives. Elles posent également la question de l’utilité du dialogue avec Washington, qui laisse leurs reproches et questions sans réponse.

«Le Maroc ne peut accepter que l'on "fabrique" des faits, que l'on "monte" de toute pièce des "cas" et que l'on fomente de fausses allégations pour des motivations politiques obscures», a indiqué le ministère, ajoutant que le Maroc exigeait des Etats-Unis des réponses précises «au cas par cas».

«Corruption et illégalité»

Dans son rapport publié le 13 avril, le département d’Etat américain utilise notamment les données des ONG et de groupes de défense des droits de l’homme, tant marocains qu’internationaux. Selon le document, la corruption et l’illégalité sont parmi les phénomènes les plus courants dans le pays.

Le rapport cite également Amnesty International. L’ONG affirme en effet que les forces de l’ordre locales «utilisent des techniques de torture pour obtenir des aveux [...], réduire des militants au silence et écraser la dissidence». «Malgré quelques enquêtes sur des tortures, il n’y a aucun cas de sanction de personnes au cours de l’année [2015]. Par ailleurs, plusieurs plaignants ont reçu des amendes ou des peines de deux à trois ans de prison pour avoir fait de «fausses allégations de torture», a en outre fait savoir le département d’Etat américain, précisant qu’au cours des 12 derniers mois, huit personnes avaient été condamnées pour de tels motifs.

Le document indique également que «le gouvernement a emprisonné des personnes pour leurs activités politiques ou leurs opinions sous couvert d’accusations criminelles». De plus, au mépris de la Constitution, les forces de l’ordre entrent dans les maisons, contrôlent la circulation et la vie privée des citoyens sans disposer d’une autorisation délivrée par un juge.

Le rapport s’attarde enfin sur les conditions de détentions, qu’il qualifie de précaires, alors que les enquêtes pour les abus et la corruption ne débouchent que très rarement sur des condamnations. «Les autorités n’ont pas poursuivi systématiquement le personnel de sécurité qui a violé les droits de l’Homme», souligne le département d’Etat américain.

Dans ce rapport, publié sur le site officiel du Département d’Etat, on peut trouver presque tous les pays, sauf les Etats-Unis eux-mêmes. Washington condamne aussi la France pour avoir violé les droits de l’Homme. Les autorités américaines dénoncent en effet les actions de la police dans la «Jungle» de Calais et la montée de l’islamophobie dans le pays.

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