«On peut s’attendre à ce que, dès que les citoyens turcs recevront une exemption de visa pour l’entrée dans l’UE, des étrangers essayeront d’obtenir un passeport turc afin de se faire passer pour des citoyens turcs et entrer dans l’UE sans vérification de visa, ou d’utiliser des identités de citoyens turcs ou d’obtenir une nationalité turque par des moyens frauduleux», lit-on dans le rapport de la Commission européenne, cité par le quotidien britannique The Telegraph.
Les auteurs du rapport dressé par la Commission européenne soulignent en outre que la suppression des visas pourrait attirer non seulement des migrants illégaux, mais aussi des criminels et des terroristes.
«La proposition de libéralisation du régime de visas pour les citoyens turcs qui arrivent dans l’UE pourrait avoir un impact sur les attaques terroristes, car elle augmenterait la mobilité des terroristes dans l'espace Schengen, qu'ils soient citoyens turcs ou étrangers», lit-on dans le rapport.
Outre les risques de nouveaux attentats, la Commission s'inquiète aussi de la «mafia turque» qui se livre à de la contrebande d'armes, au trafic de drogue ou encore à la traite d'esclaves et de réfugiés. L’exemption de visa pourrait aisément «étendre leur affaires en Europe».
D’après l'accord signé le 18 mars, Ankara s'est engagé à accepter le retour sur son sol de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis son territoire à partir du 20 mars 2016. Pour chaque réfugié syrien renvoyé en Turquie, un autre devra être «réinstallé» dans un pays européen, dans la limite de 72 000 places. En contrepartie, Bruxelles doit fournir à Ankara jusqu'à 6 milliards d'euros, relancer les discussions sur l'intégration de la Turquie à l'UE et accélérer le processus de libéralisation du régime de visas pour les Turcs qui souhaitent se rendre dans l'Union européenne.
Le Kosovo, l'Ukraine et la Géorgie aussi concernés
Les auteurs du rapport mentionnent aussi l'exemption de visa pour les ressortissants du Kosovo, de l'Ukraine et de la Géorgie, comme l'avait annoncé Jean-Claude Juncker fin 2015. D’après leurs estimations environ 300 djihadistes de Daesh en Syrie ou en Irak proviennent du Kosovo, ce qui, proportionnellement à sa population, constitue le record européen. «Des combattants que le gouvernement kosovar a bien du mal à intercepter, faute de moyens», précise le rapport.
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