Dans tout l’Afghanistan, les listes de policiers et de militaires sont pleines de faux noms ou de noms de personnes tuées dans les combats mais dont le décès n’a jamais été déclaré officiellement, rapporte le journal britannique The Guardian. Selon une enquête récente du conseil de la province d’Helmand, environ 40% des soldats figurant sur les documents n’existent pas. Les auteurs de l’étude, commandée par le gouvernement afghan, n’excluent pas que ce nombre puisse être plus élevé.
Les autorités américaines sont également préoccupées par cette situation. Selon leur rapport, publié le 30 avril, «ni les Etats-Unis ni leurs partenaires afghans ne savent combien de soldats afghans et d’agents de la police travaillent en réalité, ni combien sont disponibles pour le service».
Au cœur du problème on retrouve, notamment, la corruption. Ainsi, le commandant d’une des bases militaires de la province aurait licencié 100 de ses subordonnés sans le notifier aux responsables de l’armée et aurait touché leurs salaires, a raconté Toofan Waziri, analyste politique ayant récemment visité Helmand avec une délégation gouvernementale. Une autre raison, c’est que les commandants préfèrent dissimuler le nombre de victimes et de déserteurs, dissimulant ainsi l’implication des militaires dans le trafic d’armes et de drogues.
«Les Talibans semblent devenir plus forts de jour en jour. Jusqu’à présent, le gouvernement n’était pas capable d’introduire des réformes de sécurité dans la province d’Helmand parce qu’il ne dispose pas d’une stratégie réelle», a estimé Toofan Waziri.
Ce phénomène n’est pas nouveau et ne concerne pas seulement l'Afghanistan. Ces «soldats fantômes» pourraient aussi expliquer pourquoi Daesh est parvenu à s’emparer aussi rapidement du contrôle d’une grande partie des territoires du nord de l’Irak, à l’été 2014.