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Pape François : le pire accueil pour les migrants, c’est de les ghettoïser

Le chef de l’Eglise de Rome met en cause la propagation du modèle de société à l’occidentale dans les pays d’autres cultures ce qui, selon lui, constitue l’une des raisons de la crise migratoire actuelle et de la menace terroriste élevée.

«Devant l’actuel terrorisme islamiste, il conviendrait de s’interroger sur la manière dont a été exporté le modèle de démocratie trop occidentale dans des pays où il y avait un pouvoir fort, comme l’Irak, ou la Libye à la structure tribale. On ne peut avancer sans tenir compte de cette culture», a déclaré le Pape François dans un entretien exclusif accordé au journal français La Croix.

Pour lui, la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible mais il est clair que l’Europe ne peut pas agir de façon irrationnelle en ce qui concerne la crise migratoire.
Ainsi, il a souligné que le pire accueil pour les réfugiés, c’était «de les ghettoïser alors qu’il faut au contraire les intégrer». «A Bruxelles, les terroristes étaient des Belges, enfants de migrants, mais ils venaient d’un ghetto. A Londres, le nouveau maire [Sadiq Khan] a prêté serment dans une cathédrale et sera sans doute reçu par la reine. Cela montre pour l’Europe l’importance de retrouver sa capacité à intégrer», a précisé le chef de l’Eglise catholique.

«Un Etat doit être laïque»

«Les Etats confessionnels finissent mal. [...] Je crois qu’une laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant», a déclaré le Pape François.

Interrogé sur les sujets de société, tels que l’euthanasie ou le mariage entre personnes de même sexe, il a constaté que les autorités laïques devraient discuter de ces questions en prenant en compte les objections s’appuyant sur les croyances des citoyens.

«La France me fascine»

Le souverain pontife estime en outre que chacun devrait avoir le droit d’extérioriser sa foi, de sorte qu’une musulmane puisse porter librement le voile et un catholique une croix.

«On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture», a-t-il souligné en critiquant la France pour avoir donné trop de poids à la laïcité. «Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière», a-t-il expliqué en espérant que le pays pourrait accepter dans le futur «que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous».

Le Pape François a reconnu qu’il trouvait la société française fascinante : «D’un côté, cette laïcité exagérée, l’héritage de la Révolution française et, de l’autre, tant de grands saints».

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