International

L’état de santé du président algérien mis en cause après les révélations de Jean-Louis Debré

Dans son dernier livre, l’ex-président du Conseil constitutionnel écrit qu’Abdelaziz Bouteflika était «épuisé après moins d’une heure» de leur entretien en décembre et se demande si le chef de l’Etat n’est pas le «paravent» des clans au pouvoir.

Alors que le Premier ministre français Manuel Valls avait diffusé en avril dernier sur Twitter une photo jugée dévalorisante du président algérien, provoquant l’indignation de l’Algérie, les tensions entre les deux pays risquent de s’aggraver suite aux révélations de Jean-Louis Debré. Dans son nouveau livre, Ce que je ne pouvais pas dire, l’ex-président du Conseil constitutionnel français relate notamment les détails de sa rencontre avec Abdelaziz Bouteflika du 9 décembre 2015.

«Bouteflika est-il encore en capacité de diriger l’Algérie ? C’est la question que je me pose tout au long de cette soirée», s’interroge celui qui fut aussi président de l’Assemblée nationale.

«Une résidence médicalisée, me dit-on. Il est tassé dans son fauteuil, très essoufflé, la voix faible. Un petit micro collé contre sa bouche permet de mieux entendre ce qu’il dit. Il a bien des difficultés pour s’exprimer», note le ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac à propos de l’entretien qui s’est déroulé dans le palais présidentiel. Au fur et à mesure de leur conversation, Jean-Louis Debré réalise qu’il a déjà entendu tout ce que le président algérien lui confie cette soirée-là. «Il m’avait déjà raconté cela lors de notre rencontre de 2007...», remarque Jean-Louis Debré.

«Tandis que notre entretien se termine, je constate qu’il a de plus en plus de mal à parler. Sa respiration est hachée, il est fatigué [...] Mais cet homme épuisé après moins d’une heure d’entretien, à l’élocution difficile, n’est-il qu’un paravent derrière lequel se cachent des hommes ou des clans soucieux de garder le pouvoir le plus longtemps possible ?», se demande l’homme politique français. Il s’interroge également sur le fait que les dirigeants ne tentent pas ainsi de «différer une guerre de succession qui achèverait de fragiliser une Algérie déjà promise, avec l’effondrement des prix du pétrole, à de grandes difficultés économiques et sociales».

Des rumeurs circulent autour l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika depuis longtemps déjà. Agé de 79 ans, le président algérien a été victime en 2013 d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a fortement réduit ses capacités de mobilité et d'élocution.

Lire aussi : Tweet de Manuel Valls : les partisans de Bouteflika crient à la manipulation