«Washington met en place des mesures à la demande de la droite fasciste du Venezuela, qui s'est enhardie à la faveur du coup d'Etat au Brésil», a déclaré le président Maduro ce vendredi 13 mai à la télévision d'Etat.
Le chef de l'Etat a dit craindre une intervention possible d'armées étrangères et a expliqué que le nouveau décret d'urgence a été mis en place pour faire face à ces menaces extérieures. Il étend et proroge «pour les mois de mai, juin et juillet» un précédent «décret d'urgence économique», en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait ce samedi 14 mai.
Le «virus du coup d'Etat» pourrait revenir en Amérique latine
Il «sera étendu constitutionnellement pour l'année 2016 et certainement pendant l'année 2017, afin de récupérer la capacité de production du pays», a ajouté le chef de l'Etat qui n'a pas précisé si l'état d'exception impliquait une restriction des droits civils.
L'«urgence économique» autorise l'exécutif à disposer des biens du secteur privé pour garantir l'approvisionnement des produits de base, ce qui, selon l'opposition, ouvre la voie à de nouvelles expropriations.
Le chef de l'Etat vénézuélien a averti que le «virus du coup d'Etat» pourrait revenir en Amérique latine alors que la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a été démise de ses fonctions plus tôt cette semaine lors d'une procédure de mise en accusation.
«Nous avons déjà vu la signature de l'oligarchie qui veut retirer le pouvoir au peuple», a poursuivi le président vénézuélien, affirmant que le Parlement brésilien a évincé Dilma Rousseff dans «un jeu totalement injuste. Les Etats-Unis se murent depuis le début de la procédure de destitution dans un "silence complice"». Le «but ultime» de Washington, a asséné Nicolas Maduro, est de stopper le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui menacent l'hégémonie américaine sur le monde.
Crise politique au Venezuela
Pour le successeur d'Hugo Chavez à la tête du Venezuela, «ces questions sont validées par la plus grande puissance du monde qui essaye d'imposer un gouvernement mondial». Le Venezuela, autrefois riche producteur pétrolier grâce à ses réserves les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise, causée par la chute des cours de brut, qui apporte en temps normal 96% de ses recettes.
Le pays a enregistré en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.
S'ajoutant à l'effondrement économique, il vit une profonde crise politique entre un gouvernement chaviste (du nom de l'ex-président, le défunt Hugo Chavez, 1999-2013) et un Parlement d'opposition. Le bras de fer entre les deux institutions s'est accentué depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures en faveur d'un référendum visant à révoquer le président Maduro, qu'elle souhaite organiser d'ici fin 2016.
La question du calendrier est cruciale : si le référendum survient avant le 10 janvier 2017 et que le «oui» l'emporte, le Venezuela irait vers de nouvelles élections. Mais à partir du 10 janvier, tout référendum couronné de succès ne mènerait qu'à une chose : le remplacement de Maduro par son vice-président Aristobulo Isturiz, du même parti.