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Tchernobyl : les incendies maîtrisés mais pas éteints

La lutte contre les incendies de forêt aux alentours de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine continue depuis trois jours. La superficie des incendies a été divisée par quatre, signale le service d'Etat des situations d'urgence.

«A 6h00 le 30 avril, le feu ne se propage plus, l’extinction des foyers isolés sur une superficie de 70 hectares continue dans le cadre du contrôle du périmètre», indique le communiqué du service ukrainien d'Etat des situations d'urgence.

Un incendie s’est déclaré le 28 avril dans la zone d’exclusion nucléaire de Tchernobyl et a ravagé 320 hectares de forêt. Plus de 300 personnes et 51 véhicules d’urgence, notamment des hélicoptères, ont été déployés.

Malgré les garanties des autorités ukrainiennes qui affirment que l’incendie est sous contrôle, qu’il ne menace pas la population et qu’il n’influence pas le rayonnement ambiant, les services de météorologie ukrainiens annoncent qu’un vent provenant de Tchernobyl soufflera sur Kiev. Il devrait en outre pleuvoir sur la capitale ukrainienne pendant trois jours jusqu’au 4 mai. Des experts conseillent d’être prudent à cause du risque d’augmentation du rayonnement ambiant.

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Les effets des incendies

Lorsque Kiev déclare que les incendies de forêt ont été maîtrisés autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl, les écologistes mettent en garde sur les risques que présentent maintenant les particules de fumée contaminées. Si le feu ne progresse plus, des colonnes de fumée subsistent. «De l’herbe et des arbres fument toujours sur une vaste zone», a confirmé le chef du service ukrainien d’Etat des situations d’urgence Zoryan Chkiryak.

Des scientifiques affirment que les plantes dans la zone d’exclusion nucléaire de 30 km autour du réacteur abandonné sont fortement contaminées et que le feu pourrait renvoyer ces particules dans l’air. Dès lors, le problème est de savoir où ces fumées contaminées vont dériver, sachant que Tchernobyl n’est qu’à une centaine de kilomètres de Kiev, la capitale de l’Ukraine.

Pour l’expert sur Tchernobyl Rudy Mancke, le risque est important. «A mon avis il ne fait aucun doute qu’il existe une menace de contamination radioactive. Une fois l’incendie éteint sur le site de la catastrophe de Tchernobyl, c’était l’une des craintes. Il fallait se débarrasser des plantes qui avaient absorbé des radionucléides et la première idée a été de les brûler. Mais on a compris que cela rejetterait les radionucléides dans l’air. On a ensuite pensé à les enterrer et c’est ce qu’on a fait. Mais les radionucléides s’accumulent dans les plantes, ils y sont retenus et quand un incendie se déclare, ils peuvent être rejetés dans l’atmosphère», a déclaré l’écologiste Rudy Mancke dans son interview sur RT. «C’est un problème pas seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour les pays voisins. Si les radionucléides sont dans l’atmosphère, une fois que vous les inspirez, ils sont en vous. C’est un effet cumulatif», a mis en garde l’expert.


La Russie et de l’UE viennent au secours de Tchernobyl

En raison des incendies qui se sont déclarés à proximité de la centrale de Tchernobyl, le gouvernement russe a décidé de débloquer 10 millions d’euros pour la construction d’un nouveau sarcophage autour du réacteur №4, celui qui est à l’origine de l’accident de 1986. C’est ce qu’a fait savoir le gouvernement russe le 30 avril. «Une disposition signée prévoit de débloquer une contribution supplémentaire de 10 millions d’euros (5 millions d’euros chaque année) pour le fonds de Tchernobyl «Oukrytie») en 2016 et 2017», lit-on dans le communiqué. 

L’Union européenne (UE) avait déjà promis de contribuer à hauteur de 70 millions d’euros à l’amélioration de la sécurité de Tchernobyl. «Nous avons promis aujourd'hui un supplément de 70 millions d'euros afin de garantir, sur le site du désastre nucléaire de Tchernobyl, la restauration complète d'un environnement sûr. L'UE contribue à rendre Tchernobyl sûr», a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors du sommet EU-Ukraine le 27 avril.

L’aide de l’UE permettra de construire un sarcophage autour de la centrale nucléaire et vient s’ajouter aux centaines de millions d’euros déjà dépensés par l’Europe pour des projets liés à la sécurité de l’environnement en Ukraine.