Le document du 11 janvier 2006 témoigne d’une conversation ayant eu lieu le 9 janvier entre des responsables américains et Michel Temer, député fédéral de Sao Paulo à l’époque et président du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) – poste qu’il occupe toujours aujourd’hui.
Le sujet principal de l’entretien téléphonique était la situation politique au Brésil et, notamment, les chances du président du pays Luiz Inacio Lula da Silva, plus connu sous le nom de Lula, d’être réélu le 26 octobre 2006.
«[Michel] Temer a critiqué la vision étroite de Lula et son attention excessive aux programmes de sécurité sociale qui n’apportent pas de croissance ou de développement économique», peut-on lire dans le compte rendu de la conversation.
Il a également souligné que le parti des travailleurs (PT) de Lula n’avait pas tenu ses promesses électorales ce qui est, d’après lui, une «fraude électorale». Ainsi, il estime que «la désillusion des citoyens envers le président Lula et le PT donne l’occasion au PMDB d’avancer son candidat aux élections présidentielles de 2006».
Selon le document, les responsables américains analysaient les résultats des sondages témoignant de la baisse de popularité du PT et du principal parti d’opposition, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Michel Temer avoue alors que son parti du PMDB est assez divisé, mais laissait entendre qu’il pourrait s’unifier pour les élections.
«Si son candidat ne parvient pas au deuxième tour, le parti tentera de négocier une alliance avec l’un des deux finalistes», rapporte le compte-rendu. «Vu son orientation centriste, le PMDB pourrait ainsi équilibrer les votes entre le PT de Lula et le PSDB d’opposition, et a donc besoin d’être surveillé de près dans les mois qui viennent. Fin des commentaires», conclut l’auteur du document au sein de l’ambassade américaine au Brésil.
On ignore si d’autres conversations entre Michel Temer et des responsables américaines ont eu lieu, mais Lula a été réélu en 2006 au deuxième tour face à Geraldo Alckim, le candidat du PSDB. Le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) de Michel Temer n’a pas participé aux élections.
L’homme a cependant mené une belle carrière politique. En 2009, il est devenu président de la Chambre des députés. En 2010, il gagne les élections présidentielles en compagnie de Dilma Rousseff, en devenant ainsi vice-président de la République brésilienne. Le 12 mai, le Sénat du pays a temporairement suspendu Dilma Rousseff de ses fonctions afin qu’elle passe devant un tribunal pour des accusations de vol des lois budgétaires. Depuis ce jour, la fonction de chef d’Etat brésilien est assurée par le vice-président du pays, Michel Temer.