« C’est la dernière tentative en date du politicien polonais qui essaie de mettre en doute les résultats de la Seconde Guerre mondiale et la place de l’Union Soviétique parmi les vainqueurs de ce conflit », a déclaré Grigori Karassine, vice-ministre russe des Affaires étrangères, qui a insisté sur le fait que ces propos de Schetyna devaient « faire honte à lui-même, aux diplomates polonais et à l’establishment politique du pays ».
Le politicien de centre-droit, qui a récemment agacé la classe politique russe en affirmant que c’étaient les troupes ukrainiennes plutôt que soviétiques qui avaient été les premières à libérer Auschwitz, a continué de lancer ses piques contre Moscou, lundi, dans une interview diffusée sur la radio polonaise RMF FM.
« Pourquoi avons-nous accepté si aisément que Moscou soit l’endroit où la fin de la guerre sera commémorée, et non pas Londres ou Berlin ? Ce n’est pas naturel de célébrer la fin de la guerre là où elle a commencé », a dit le ministre entré en fonction l’année dernière.
Le diplomate polonais a fait référence au Pacte germano-soviétique signé en août 1939 dans lequel l’Union soviétique de Staline et l’Allemagne d’Hitler se sont répartis l’Europe de l’Est. L’invasion de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre, qui a été suivie par l’incursion russe à l’Est deux semaines plus tard marque le début officiel de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
La Russie admet les termes du Pacte, mais l’a historiquement justifié comme un moyen de gagner plus de temps pour renforcer ses capacités militaires avant l’inévitable invasion allemande.
Le Kremlin organisera de grandes célébrations pour marquer le 70ème anniversaire de la fin de la guerre le 9 mai prochain : c’est le jour où l’Union soviétique a signé l’armistice avec l’Allemagne nazie en 1945. Entre 21 et 28 millions de ressortissants soviétiques ont péris dans le conflit contre l’Allemagne, ça fait plus que tous morts réunis des troupes Alliées.
Moscou a invité tous les principaux dirigeants de la planète à assister aux célébrations mais plus de 20 leaders ont déjà confirmé leur participation. Mais Schetyna a suggéré que les dirigeants de l’UE se rassemblent à Westerplatte, la première localité envahie par les Allemands à la frontière polonaise.« La cérémonie à Westerplatte offre une autre perspective sur la Seconde Guerre mondiale. C’est un témoignage de l’intégration européenne dès ce temps-là. L’idée a provoqué de vifs débats et des réactions passionnées », a dit Schetyna.
Les dirigeants européens gardent encore le silence sur leur plans pour cette commémoration et Moscou est déjà irritée par la politisation de cette date à laquelle se livre la Pologne. Les commentaires du ministre polonais ont provoqué la colère de plusieurs parlementaires importants de la Douma.
Le président du comité sur les Affaires étrangères de la haute chambre du parlement russe, Konstantin Kossatchev, a qualifié d’« inadmissibles » ces déclarations et ces propositions du ministre polonais. Alexeï Pouchkov, qui est à la tête de la commission des Affaires étrangères de la Douma a donné une explication plus détaillée. « Schetyna n’exprime pas seulement sa russophobie, mais aussi son ignorance des faits », a twitté le député. « Il y avait 238 division qui luttaient sur le front de l'Est et seulement 68 à l’Ouest. Où est-il plus logique de commémorer ? Là, où les forces de l’ennemi ont été vaincues ou à l’endroit où des conflits secondaires ont eu lieu ? »
En ce qui concerne les pertes allemandes qui se sont élevées à plus de 4 millions d’hommes, 80 % d’entre eux ont péri sur le front de l’Est.