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Canada : les vétérans invités à ne pas aller se battre contre l'EI

Singulière requête que celle du ministre canadien de la Défense Harjit Sajjan, qui demande officiellement aux vétérans canadiens de ne pas rejoindre les forces combattant l'État Islamique en Irak et en Syrie.

Le ministre de la Défense cite en exemple «Wali», pseudonyme derrière lequel se cache un ancien tireur d'élite en Afghanistan, originaire de la province de Québec et ancien membre du 22ème régiment de l'armée canadienne qu'il a servi pendant 12 ans. Démobilisé, Wali a décidé d'aller rejoindre les forces kurdes de son propre chef, pour les aider dans leur lutte contre les djihadistes de Daesh. Cet héroïsme n'est pas passé inaperçu sur Twitter :

Et, à son retour au Canada, il est devenu une sorte de personnalité publique, de par les nombreux reportages sur son périple mais aussi pour être passé à la télévision, dans la version québécoise de l'émission Tout le monde en parle.

Telle qu'il a pu la présenter, sa démarche semble remplie de bonnes intentions: profitant de sa présence sur les premières lignes de front dans la région de Kirkouk en Irak, il a tourné des images dans le but de faire un documentaire sur cette guerre, pour le compte de l'Office National du Film du Canada. «J’ai un fusil dans une main, une caméra dans l’autre, mais mon arme principale, c’est mon appareil-photo. Comme soldat, ma contribution a été minime. Je pense que mon documentaire peut avoir encore plus d'impact. Mais je considère que j'ai tout de même contribué en étant à l'avant-plan pendant les opérations», a-t-il expliqué.

Le ministre invoque la complexité de la situation

Plusieurs anciens soldats ont rejoint des unités formées dans leur intégralité par des volontaires occidentaux qui s'organisent par leurs propres moyens. Plutôt que de saluer ces vétérans qui risquent leurs vies pour libérer la région des terroristes de l'EI, le ministre Sajjan les met en garde. «Malgré leurs bonnes intentions, ils risquent de faire empirer la situation sur le terrain. Je suis complètement en désaccord avec le fait d'encourager des Canadiens à faire cela. Ils n'ont pas accès à tous les détails de la situation. Ils pourraient se retrouver dans un groupe qui engendrerait davantage de problèmes», a  M. Sajjan.

Le ministre Sajjan insiste sur le fait que la situation sur le terrain est extrêmement complexe : il existe des tensions entre diverses factions et il n'est pas toujours facile de bien comprendre chacune d'elles. «La dernière chose que je voudrais, c'est qu'un Canadien, par bonté de coeur, tente de faire le bien, mais se retrouve avec des gens qui font du tort. Je ne dis pas qu'ils le font, mais je n'encourage pas ça, car c'est un environnement très complexe. Si des gens veulent s'impliquer, je les encourage à rester au sein des Forces canadiennes», insiste M. Sajjan.