Maire de la grande ville de Davao, Rodrigo Duterte, un avocat de 71 ans, vient de remporter l'élection présidentielle au Philippines. Il s'est imposé grâce à un langage cru et la promesse de solutions expéditives pour lutter contre la criminalité et la pauvreté. Dans son discours de victoire, il s'est adressé aux autres candidats pour la présidence en les appelant «à être amis».
Rodrigo Duterte a été surnommé par les médias le «Trump d'Asie» ou encore «le Trump Philippin». En effet, on trouve chez lui le même goût pour la provocation que chez le magnat américain, et la même envie de bousculer les partis traditionnels. Les sondages l'avaient longtemps annoncé perdant face à sa rivale, la sénatrice Grace Poe.
Alors que, ces dernières semaines, il était devenu grand favori de l'élection, jusqu'à dépasser sa concurrente de onze points dans les sondages, Rodrigo Duterte a émaillé sa campagne de déclarations péremptoires.
Le goût de la provocation
La criminalité et la corruption ont été au cœur des débats de cette élection présidentielle, dans ce pays de 99 millions d'habitants et composé de près de 80 îles. Rodrigo Duterte a multiplié les menaces envers les trafiquants, et promis aux électeurs des solutions radicales.
«Je ne suis qu'un Philippin ordinaire. Je n'ai pas de quoi être fier, excepté quand je suis en colère contre ces fils de p..., je vais vraiment les tuer. C'est ma spécialité», a-t-il déclaré lors d’un meeting de campagne à propos des criminels.
«Lorsque je serai président, je donnerai l’ordre aux policiers et aux militaires de traquer ces gens et de les abattre», a régulièrement répété Duterte. «Tuez les tous, ces enculés !», avait-il scandé lors d’une réunion publique à Lingayen en mars. Dans cette même ville, il avait promis de tuer cent mille criminels et de jeter leurs cadavres dans la baie de Manille afin «d’engraisser les poissons».
«Oubliez les lois sur les droits de l'Homme !», a-t-il ajouté lors de son dernier meeting déclarant aussi : «Si je suis élu président, je ferai exactement ce que j'ai fait en tant que maire. Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir.»
Les propos souvent douteux du nouveau président ont passé les frontières de l'archipel. Ainsi, il y a trois semaines, alors qu'il était encore candidat, il a pu déclaré : «J’étais en colère qu’ils l’aient violée mais elle était si belle. Je me suis dit: "Le maire aurait dû passer en premier"!» à propos du viol et du meurtre d’une missionnaire australienne tuée lors d’une émeute dans une prison de Davao en 1989. Des propos qui ont choqué l'Eglise catholique et l'ambassade d'Australie.