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Faites ce que je dis et pas ce que je fais : est-il possible de réécrire l’histoire ?

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, allié privilégié des Etats-Unis, effectue une visite à Washington mais son refus d’offrir des excuses officielles pour les exactions commises lors de la Seconde Guerre mondiale fragilise son statut d’allié.

Dans le cadre de sa visite, le Premier ministre japonais aura l’occasion de s’adresser au Congrès  américain, un moment historique qui marquera, selon Abe, un tournant dans les relations bilatérales des deux nations.

Pour le Japon, la visite de Shinzo Abe est surtout l’occasion de relancer la coopération commerciale aussi bien que militaire avec l’Amérique. La révision du traité régissant cette coopération a même été signée le 27 avril. 

Cependant, à quelques semaines de l’anniversaire historique de la Victoire, les américains attendent surtout du Premier ministre nippon qu’il présente de véritables excuses pour les agressions commises par le Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le dirigeant japonais n’a pour l’instant exprimé que des «remords quant à la dernière guerre», des propos jugés «ambigus» par les observateurs américains qui s’attendaient à voir le Premier ministre nippon faire une référence directe au passé impérialiste du Japon et à ses actes d’agression.

Shinzo Abe a déjà suscité la réprobation des pays occidentaux en se rendant au sanctuaire Yasukuni. Ce sanctuaire est certes, la dernière demeure de dizaines de milliers de soldats tombés pour le Japon, mais il abrite surtout les dépouilles de 14 criminels de guerre. Au-delà de ce geste symbolique, c’est la caution que le chef du gouvernement nippon accorde aux actes révisionnistes qui dérangent le plus. Il a notamment soutenu la parution de nouveaux manuels scolaires édulcorant les agressions militaires perpétrées par le Japon contre la Chine et la Corée du Sud.

Plusieurs responsables occidentaux, parmi lesquels on trouve Hillary Clinton, Catherine Ashton et même Barack Obama, ont exprimé leur désapprobation de la position des autorités japonaises actuelles par rapport à la façon dont elles abordent le passé belliqueux de leur pays.

Mais ces mêmes dirigeants semblent être autrement plus indulgents face aux tentatives d’autres pays de réécrire l’histoire de la Seconde guerre mondiale. En janvier 2015, le Premier ministre ukrainien Arseny Iatseniouk avait déclaré lors d’une visite en Allemagne : «on se rappelle bien de l’invasion soviétique en Ukraine et en Allemagne», une affirmation inversant totalement les faits historiques sachant que c’est l’URSS qui a été attaquée par l’Allemagne nazie. 

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Le ministre des Affaires étrangères polonais Grzegorz Schetyna a, quant à lui, affirmé que c’étaient les troupes ukrainiennes qui avaient été les premières à libérer Auschwitz, alors qu’en fait, c’est l’armée soviétique composée de russes, d’ukrainiens, de biélorusses et d’autres peuples de l’URSS qui fut la première à libérer les prisonniers du plus célèbre camp de concentration nazi.

Ces propos tenus par les dirigeants d’alliés proches des Etats-Unis ne rencontrent pas la même réprobation, du moins à Washington.