International

Chypre : de nouveaux espoirs de réunification ?

Un porte-parole du gouvernement chypriote a annoncé aujourd’hui que le président Nicos Anastasiades rencontrerait samedi le nouveau dirigeant de la zone d’occupation turque Mustafa Akinci pour évoquer la réconciliation des deux parties de l’île.

Mustafa Akinci a été élu président de la république turque autoproclamée de Chypre-Nord dimanche 26 avril avec plus de 60% des voix. L’ancien maire de la partie nord de Nicosie est considéré comme un partenaire favorable à une réconciliation avec la partie grecque de l’île. Sa victoire a été saluée par le président de la République de Chypre comme «prometteuse pour le développement de notre patrie commune». 

Dès son élection, Mustafa Akinci a déclaré que les habitants de Chypre-Nord garderaient «le contrôle de leurs propres institutions», prenant ses distances avec Ankara et osant même déclarer : «Nous serons maîtres chez nous». Cette volonté d’émancipation a entraîné la réponse suivante du président turc Recep Tayyip Erdogan : « Monsieur le Président ne réalise pas bien ce qu’il dit». Le président turc en a profité pour rappeler que la Turquie demeurait la «mère-patrie» de la république autoproclamée et qu’elle lui versait chaque année un milliard de dollars.

Les pourparlers de réunification entre les deux parties de l’île sont au point mort depuis le mandat du président sortant, Dervis Eroglu. Chypre-Nord a rompu le dialogue en 2012, alors que la République de Chypre prenait la présidence tournante de l’Union européenne. En octobre 2014, ce sont les Chypriotes grecs qui se sont retirés en réaction aux prospections turques dans leur Zone Economique Exclusive. L’envoyé spécial de l’ONU Espen Barth Eide a rencontré le président chypriote le 7 avril à Nicosie et indiqué une reprise des négociations «dans plusieurs semaines, et pas plusieurs mois, à partir d’aujourd’hui».

Le tiers nord de l’île demeure occupé par la Turquie depuis l’invasion de 1974, déclenchée pour empêcher un rattachement à la Grèce. Une «ligne verte» gardée par l’ONU, qui fait de Nicosie la dernière capitale européenne divisée, sépare la République de Chypre de la de la république turque autoproclamée de Chypre-Nord. Créée en 1983 et reconnue seulement par Ankara qui contribue à un tiers de son budget et finance ses infrastructures, cette république turque de Chypre-Nord est sous le coup de sanctions internationales.