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Le chef du parti flamand dit non à l'enseignement de l'Islam dans les écoles catholiques

C'est un débat qui agite en ce moment la Belgique et notamment la Flandre : faut il adapter l'enseignement catholique aux autres religions ? Une proposition qui a suscité l'ire du parti autonomiste flamand N-VA et son leader, Bart De Wever.

Dans une interview au quotidien belge De Morgen, Lieven Boeve, le directeur général du Secrétariat Flamand pour l'enseignement catholique, a fait hier une proposition qui pourrait être une petite révolution. Lieven Boeve propose une évolution des programmes et des manières d'enseigner, afin de prendre en compte les transformations de la société belge, notamment sur le plan démographique et spirituel : «Le temps de l'offre d'un enseignement catholique pour et par des catholiques est révolu», déclare-t-il dans le journal néerlandophone.

Il faut savoir qu'en Belgique, l'enseignement public propose deux options aux élèves: des cours de "morale non confessionnelle" et des "cours de religions", ces derniers étant moins du prosélytisme qu'un enseignement de culture générale sur les différents cultes. Par contre, dans l'enseignement privé catholique, des cours de catéchisme demeurent. 

L'enseignement catholique flamand appelle donc ses établissement à modifier leurs règlements intérieurs afin de laisser d'autres religions s'exprimer en leur sein, notamment les élèves de confession musulmane : autorisation du port du voile, mise en place de salles de prières au même titre que les chapelles... Au niveau de l'enseignement, cette évolution se concrétiserait en ne proposant plus uniquement des cours sur la religion catholique, mais aussi sur d'autres religions, et notamment l'Islam. 

L'objectif officiel est d'attirer d'avantages d'élèves musulmans, tout en mettant en valeur la culture, l'enseignement et la tradition catholique de ces établissements. Ces «écoles du dialogue» ne sont pour l'instant qu'une proposition, et aucune décision définitive n'est actée du côté de l'enseignement catholique francophone comme néerlandophone. Le porte-parole de l’évêché d'Anvers, Olivier Lins, parle d'ailleurs de «ballon d'essai».

Toutefois, cette nouvelle orientation assumée de l'enseignement catholique en Flandre suscite des interrogations et des débats, car elle pose la question de la place de la religion catholique dans l'identité belge, et la place des autres religions dans la société. 

Le leader du parti autonomiste N-VA Bart de Wever est monté aussitôt au créneau pour critiquer cette proposition. Dans un tweet, il déclare ainsi : «L'islam en Flandre doit se laïciser comme l’a fait le christianisme. [Il faut des] leçons de citoyenneté à la place de l'islam dans les salle de classe.»

 

Dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad, il déclare aussi, non sans une certaine ironie qu'«il faut être cohérent et ouvrir aussi la porte à d'autres philosophies... Pourquoi introduire la morale, ou la doctrine du spaghetti volant ? Où Va-t-on fixer la limite ? Existe-t-il encore un projet propre à l'enseignement catholique ?»