International

Grèce : la France soutient un assouplissement de la dette mais pas son annulation

Paris aidera la Grèce par « tous les moyens possibles » à diminuer le poids de sa dette mais ne l’annulera pas, a estimé le ministre français des Finances Michel Sapin lors d’une rencontre, à Paris, avec son homologue grec Yanis Varoufakis.

« Tout ce qui peut soulager le fardeau de la dette grecque sera bienvenu », a déclaré Michel Sapin, ministre français des Finances, lors d’une conférence de presse à Paris où les deux hommes politiques socialistes sont arrivés main dans la main devant les journalistes.

Dans le même temps, le ministre français a répété qu’il n’était « pas de question » d’annuler la dette grecque qui s’élève à près de 315 milliards d’euros, soit 175 % du PIB du pays. Il a noté que Yanis Varoufakis avait « compris » que tous les frais générés par cette option passeraient tout simplement des contribuables grecs aux autres contribuables européens.

Le locataire de Bercy a aussi promis que la France aiderait la Grèce, dont le taux de recouvrement de l’impôt est l’un des plus faibles du monde occidental, à réformer son système fiscal. « Cela aidera la Grèce à retrouver sa crédibilité et son équilibre fiscal », a assuré le ministre français.

En savoir plus : Athènes veut mettre un terme à sa coopération avec la troïka et au plan d’aide qui l’accompagne

Le ministre grec a pour sa part précisé que son pays – qui pouvait à peine équilibrer son budget, même avec le plan d’austérité du gouvernement précédent – n’empruntera plus d’argent dans un futur proche. « Ce n’est pas que nous n’avons pas besoin d’argent, nous sommes désespérés. Ces cinq dernières années, la Grèce a vécu d’une tranche de prêt à l’autre. Nous avions l’air de toxicomanes en manque jusqu’à la dose suivante. L’objectif principal de notre gouvernement est d’en finir avec cette addiction », a expliqué Yanis Varoufakis, en ajoutant qu’Athènes s’en débarrasserait.

Yanis Varoufakis est un universitaire gréco-australien sans véritable expérience de la politique à un tel niveau. Il essaie de réduire de près de 50 % la dette du plan de sauvetage du pays qui atteint aujourd’hui 240 milliards d’euros. Cette aide que la Grèce veut renégocier a été instaurée en 2010 pour restructurer les dettes du pays et éviter son effondrement financier. Athènes fera ses premières propositions à la fin du mois, a-t-il précisé avant d’ajouter qu’il faudra six semaines supplémentaires pour parvenir à un accord.

La stratégie de Varoufakis était d’échapper aux négociations avec la troïka qui a supervisé les modalités du prêt précédent et exigé en contrepartie des réformes structurelles très importantes.

Après sa rencontre avec le ministre américain des Finances Jack Lew, Varoufakis se rendra en visite à Londres et puis à Rome. Il a aussi hâte de se rendre à Berlin où l’attend son test le plus difficile, devant des hommes politiques allemands qui ne veulent pas décevoir des électeurs hostiles à de nouvelles concessions envers la Grèce.