International

La Suisse pas si neutre dans sa lutte contre le terrorisme islamiste d’après un ex-agent secret

Pour la première fois, un ouvrage plonge dans la nébuleuse de l’islamisme radical en Suisse et révèle ses ramifications hors des frontières, cassant le mythe d'une Suisse préservée et éloignée des conflits.

Intitulé Le djihad comme destin, la Suisse pour cible ?, l'ouvrage qui parait ce mardi constitue une première pour l'analyse des risques et des enjeux du terrorisme en Suisse. Dans cette œuvre de Jean-Paul Rouiller, ancien cadre des renseignements suisses, et de François Ruchti, journaliste à la télévision suisse RTS, les auteurs cherchent à casser les clichés sur ce pays, souvent considéré, à tort selon eux, comme un îlot paisible et à l'abri de toute menace. 

L'enquête retrace ainsi le parcours d’une dizaine de personnages clés, notamment en Suisse romande, et leur implication dans la «djihadosphère» internationale. On apprend ainsi que des djihadistes romands ont eu des connexions avec des combattants impliqués dans les attentats de Paris et qu'un certain Fribourgeois, Moezeddine Garsallaoui, a inspiré et organisé la formation armée de Mohamed Merah, auteur des tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban. Son épouse, la Belgo-Marocaine Malika al-Aroud, est par ailleurs la veuve d’un des assassins du commandant Massoud en 2001. Mort au Pakistan en 2012, le Fribourgeois «préfigure déjà des liens étroits entre la Belgique, la France et la Suisse», décryptent les auteurs.

Si comme l'analyse la Tribune de Genève, l’ouvrage «marque la fin d’une certaine naïveté suisse», il révèle également des éléments concrets, qui confirment la thèse des auteurs : depuis 2001, le Service de renseignement de la Confédération aurait ainsi recensé 72 départs motivés par le djihad.