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USA : Cleveland va payer six millions de dollars après la mort d'un enfant noir tué par un policier

La ville américaine de Cleveland n'a reconnu aucune faute mais elle s'est malgré tout engagée lundi 25 avril à verser six millions de dollars à la famille d'un enfant noir abattu par un policier qui avait pris son pistolet-jouet pour une vraie arme.

Selon un accord passé entre la ville de l'Ohio (nord) et la famille de Tamir Rice, la municipalité «n'admet aucune faute, et les plaignants renoncent à leurs poursuites contre la ville de Cleveland» et contre les personnes impliquées. La famille se verra néanmoins versée une compensation par la ville.

L'accord, qui doit encore être formellement accepté par un tribunal, évite ainsi à la municipalité d'avoir à passer par un éventuel procès au civil qui aurait de nouveau mis sous les projecteurs la police décriée de la ville, et qui aurait pu conduire à une condamnation encore plus lourde.

«Aucune somme d'argent ne pourra compenser»

La mort, en novembre 2014, du jeune Tamir, âgé de 12 ans, avait été filmée par une caméra de surveillance : deux policiers en patrouille étaient intervenus dans un parc de Cleveland, alertés par un appel faisant état d'une personne armée sur place. Il s'agissait en fait du jeune garçon qui jouait avec un pistolet en plastique.

L'un des deux agents avait très vite ouvert le feu, tuant le garçon de deux balles dans l'abdomen. «Aucune somme d'argent ne pourra compenser» la perte d'un enfant, ont souligné les avocats de la famille Rice dans un communiqué.

«Rien ne ramènera Tamir, ont ajouté les avocats de la firme new-yorkaise Emery Celli Brinckerhoff and Abady, sa mort prématurée et inutile laisse un trou béant pour ceux qui le connaissaient et l'aimaient, qui ne pourra jamais être comblé.» Ceux-ci ont également profité de l'occasion pour dénoncer «le problème des violences policières, spécialement à l'encontre des communautés de couleur», estimant qu'il s'agit là d'une «crise qui mine notre nation».

«C'est probablement une fausse, mais il la brandit devant tout le monde»

Les autorités américaines avaient annoncé en décembre qu'elles ne poursuivraient pas en justice le policier blanc qui a tiré sur Tamir Rice. Le procureur avait alors mis en avant «une tempête d'erreurs humaines et de mauvaise communication entre toutes les personnes impliquées ce jour-là».

Dans sa plainte, la famille de Tamir Rice accusait la ville de Cleveland de négligence dans la mort du jeune garçon. Un riverain avait en effet appelé la police en précisant qu'un jeune homme jouait avec une arme dans un parc de la ville : «C'est probablement une fausse, mais il la brandit devant tout le monde», avait expliqué ce voisin. Mais le coordinateur ayant reçu cet appel n'avait pas répercuté cette information importante aux agents sur le terrain.

Ceux-ci se sont précipités sur les lieux et ont ouvert le feu à peine sortis de leur voiture. Ils n'ont ensuite pas porté assistance au garçon après l'avoir abattu, selon la famille de Tamir Rice. Celle-ci a affirmé que la ville avait tendance à engager des policiers «peu adaptés» pour un tel travail, et qu'elle ne les supervisait pas correctement. Cette affaire avait ravivé l'indignation de nombreux Américains qui manifestaient depuis plusieurs semaines contre l'impunité dont bénéficiaient, selon eux, certains policiers blancs impliqués dans la mort de citoyens afro-américains.

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